L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vise à promouvoir la recherche clinique en psychomotricité par divers moyens notamment : l’organisation de séminaires, colloques, groupes de réflexion. Soutenir des projets individuels ou collectifs de recherche sur la clinique psychomotrice, favoriser et/ou rechercher la collaboration avec des structures à même d’apporter une contribution directe ou indirecte au but poursuivi par l’association et tout particulièrement avec l’Institut de Formation en Psychomotricité de Lyon.
Elle s’adresse à tout psychomotricien désireux d’engager un travail d’approfondissement théorico-clinique, quel que soit son champ d’exercice professionnel ou son référentiel théorique et clinique.
Susciter les échanges, favoriser le débat entre psychomotriciens, soutenir la réflexion et la recherche à propos de la pratique, telles sont les ambitions de l’ARRCP Lyon et région. Dans cet objectif, l’association mise sur l’engagement de ses membres dans une démarche qui consiste à se confronter aux difficultés et aux doutes rencontrés dans la clinique, à approfondir ses intuitions cliniques, à les arrimer à des concepts théoriques, à transmettre et discuter les résultats de ses travaux.

lundi 30 mai 2011

Quelques mots du Café-Psychomot du 24 mai 2011


     Pour terminer cette année thématique sur la cadre, Frédéric Jars, qui a généreusement accepté de venir partager et réfléchir avec nous, nous invite à une lecture critique du texte de Catherine Potel « la question du cadre thérapeutique, la contenance, les limites, le corps », extrait de son ouvrage « Etre psychomotricien ».

     A partir de sa double expérience clinique de psychologue et psychomotricien, il va d’abord nous inviter à un riche détour théorique comme pour nous donner des formes représentatives du cadre du point de vue de la psychanalyse : une métaphore spaciale sur laquelle va s’inscrire une forme. Le cadre, comme membre fantôme selon J.Bleger, comme baquet selon R.Roussillon, dans sa double fonction statique et dynamique selon R.Kaës, comme isola thérapeutique duquel surgit la créativité selon M.Milner. Autant de concepts nous donnant à penser à notre propre cadre interne, fait également de références à d’autres…

Frédéric met en débat ensuite le choix de C.Potel d’aborder le cadre dans la thérapie psychomotrice, sous l’égide du modèle contenant/contenu de Bion. Il nous parle aussi de l’analogie entre limites corporelles et limites de la loi et reprend les cas cliniques de Gaston, le petit garçon qui jette et de Chloé la petite fille qui ne sait pas jouer pour transformer et finalement nous dit regretter de n’avoir pu plus saisir le processus thérapeutique. Il confronte notre regard à d’autres auteurs C.Ballouard, D.Latour et F.Joly (textes qui avaient déjà été discuté lors de précédents café psychomot), tous trois psychomotriciens de formation initiale et « joue » à opposer dans une dialectique C.Potel (contenant et écran) et D.Latour (creux et vacuité) qui donnerait des postures de type hyper-présence maternelle en opposition au sentiment flottant et à la présence attentiste.

Et enfin pour finir par nous donner sa position personnelle du cadre comme une fiction théorico-clinique permettant le dépôt progressif du cadre du patient au sens de décantation et non au sens du dépôt de Bion et du dépôt des éléments béta.

Cela donne à penser à Odile Gaucher-Hamoudi qui rebondit sur les défaillances du cadre et les absences du psychomotricien qui nous amènent parfois à constater que le patient s’est bien débrouillé sans nous et de l’importance de la charge émotionnelle liée au processus de séparation-retrouvaille. Elle nous rappelle aussi la commande du livre de C.Potel, clinicienne faisant avant tout parler sa clinique, écrit pour un large public.

Pascale Poirier ramène la question d’un processus qui se déroulerait et de l’intrication, du nouage entre le contenant et le contenu et du cadre comme fiabilité, fond et constance permettant la surprise et de faire connaissance. Elle nous parle de la rencontre de l’enfant avec son corps et nous invite à la lecture des textes de A.Bullinger.

Denis Mortamet parle de co-construction du cadre avec le patient, comme un effort amenant à quelque chose de dynamique et Frédéric de penser qu’un dogme imagoïque serait trop paralysant. Roland Obéji reprend l’image de la fiction, ancrée quand même dans du réel (du dur qui résiste) et associe plus tard à la dimension sexuelle et à l’interdit du toucher, toujours à travailler selon lui. Séduction inévitable dans le soin, on touche, on séduit, on fait envie et Christine Corsini nous rappelle que quand nous recevons un patient nous faisons une offre et sommes donc des attracteurs potentiels.

Frédéric nous propose un petit pas de côté pour nous décaler des imagos parentaux et des représentations pré ou post œdipiennes et nous invite à penser que la cadre en thérapie psychomotrice pourrait offrir une certaine ambiguïté et mouvance et qu’il y a peut-être à penser quelque chose des imagos fraternels (jouer avec).

Les cliniques hors des murs de l’institution sont aussi convoquées et ramènent dans un mouvement du dehors au-dedans, la notion de cadre comme une référence interne du psychomotricien.

Tiens d’ailleurs, l’institution a été absente de nos échanges et je me mets à penser au cadre institutionnel fonctionnant en miroir de ce qui se passe entre les soignants et les patients et les soignants entre eux…L’institution comme une organisation fonctionnant comme un tiers symbolique rendant présent les absents, les ancêtres, les tabous.

Alors à chacun de trouver et toujours chercher son propre style…

Et puisque C.Potel commence son article par une analogie à l’art « le cadre d’une peinture, c’est ce qui précise les contours, le regard, confirme la profondeur », nous terminons cette soirée par une ouverture artistique et l’exposition actuellement au Grand Palais à Paris de Anish Kapoor « Leviathan » et je vous invite à la rêverie…

Le visiteur entre d’abord à l’intérieur, dans une atmosphère tiède. Il est plongé dans une quasi-obscurité rouge, la seule lumière étant celle qui passe de l’extérieur à travers la membrane de Leviathan. Ce rouge dense se retrouve souvent dans l’œuvre de Kapoor, qui a voulu ici « inonder le visiteur avec la couleur ». Ce rouge rappelle pour lui les couleurs de la nuit et « crée des ténèbres beaucoup plus sombres, psychologiquement et physiquement, que le noir ou le bleu ».

On marche donc dans le corps de la « bête » et on entrevoit, de l’intérieur, trois membres, en face et sur les côtés.

Léviathan, c’est un monstre marin terrifiant de la mythologie du Levant, évoqué dans la Bible. Ici, il flotte dans l’air. Le nom de l’œuvre d’Anish Kapoor renvoie aussi à l’ouvrage de Thomas Hobbes où le Léviathan est une métaphore de l’Etat, opposé à l’état de nature qui implique la guerre permanente. « Cette grande force archaïque est pour moi liée à l’obscur. C’est un monstre encombré par son corps qui garde des régions oubliées de notre conscience », dit l’artiste.

Le fil des échanges n’a pas toujours été simple à tenir et j’ai bien conscience de l’aspect inévitablement réducteur de mon écrit… C’est pourquoi je vous propose la bibliographie de Frédéric Jars, pour vos lectures d’été, que je vous souhaite bon et décalant …

Natacha Vignon pour l’ARRCP


Bibliographie

BALLOUARD, C. 2003 . Le travail du psychomotricien, Dunod

BION, W.R. 1962. Aux sources de l'expérience, PUF 1979.

BLEGER, J. 1966. « Psychanalyse du cadre psychanalytique » in Kaës, R. et al. Crise, rupture et dépassement, Dunod 1979.

Collectif, 1988. Le cadre thérapeutique, transfert et symbolisation. Centre d'études et de recherches psychomotrices et psychothérapiques.

Collectif, 1989. Bulletin du C.E.R.P.P. (Colloque “le cadre thérapeutique”), mars-avril 1989 n°2.

JOLY, F. 2007. «Thérapie terminée, thérapie interminable... ou “en absence” et “en présence”, la question des fins de traitements en psychomotricité» Thérapie psychomotrice et recherches 2007 n°152.

KAËS, R. 2007. Un singulier pluriel, la psychanalyse à l’épreuve du groupe, Dunod.

KAËS, R. 1988. « Réalité psychique et souffrance dans les institutions » in Kaës, R. et al. L’institution et les institutions, Dunod.

KHAN, M. 1976. Le Soi caché, Gallimard.

LATOUR, D. 1988. «Mouvance et fluidité du cadre en thérapie psychomotrice» Perspectives psychiatriques 1988 n°13/III.

LAURAS, A. 1985. «Le cadre thérapeutique en psychomotricité» - intervention au colloque S.I.T.P. “De l'agi au représenté”, mars 1985.

LESAGE, B. 2006. «Toucher : du tabou au cadre» Thérapie psychomotrice et recherches 2006 n°148.

MELTZER, D. et al. 1975. Explorations dans le monde de l'autisme, Payot 2002.

MILNER, M. 1976. Inconscient et peinture, PUF.

POTEL, C. 2010 Être psychomotricien, Coll. Trames, Eres.

ROUSSILLON, R. 1984. «Du baquet de Mesmer au “baquet” de Freud – premières réflexions sur la préhistoire du cadre analytique» Revue française de psychanalyse 1984-6 XLVIII.

jeudi 5 mai 2011

Café Psychomot Mardi 24 mai 2011


L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vous propose :

Son prochain Café Psychomot qui se tiendra

Le mardi 24 mai 2011
à 19h45

dans le même lieu :

Au Mondrian café
1 quai Claude Bernard
69007 LYON

Venez échanger, réfléchir, discuter sur nos pratiques.

Nous allons terminer cette année de réflexions autour du cadre par la présentation faite par Frédéric Jars du texte de Catherine Potel : 

" La question du cadre, la contenance, les limites du corps ",
pp321-345, extrait de son ouvrage " Etre psychomotricien : un métier du présent et de l'avenir " (édité chez Erès, Toulouse, 2010)

Tout en le confrontant à d'autres auteurs (D. Latour, C. Ballouard) afin de mettre en débat la question de emboîtements de cadres et des effets de résonance, d'écho, de clivage que la clinique peut produire sur l'institutionnel.

Entrée 5€ avec une consommation offerte.
Inscrivez-vous en nous envoyant un mail à l'adresse suivante avant le 17 mai : arrcplyon@gmail.com
Réservé aux psychomotriciens diplômés