L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vise à promouvoir la recherche clinique en psychomotricité par divers moyens notamment : l’organisation de séminaires, colloques, groupes de réflexion. Soutenir des projets individuels ou collectifs de recherche sur la clinique psychomotrice, favoriser et/ou rechercher la collaboration avec des structures à même d’apporter une contribution directe ou indirecte au but poursuivi par l’association et tout particulièrement avec l’Institut de Formation en Psychomotricité de Lyon.
Elle s’adresse à tout psychomotricien désireux d’engager un travail d’approfondissement théorico-clinique, quel que soit son champ d’exercice professionnel ou son référentiel théorique et clinique.
Susciter les échanges, favoriser le débat entre psychomotriciens, soutenir la réflexion et la recherche à propos de la pratique, telles sont les ambitions de l’ARRCP Lyon et région. Dans cet objectif, l’association mise sur l’engagement de ses membres dans une démarche qui consiste à se confronter aux difficultés et aux doutes rencontrés dans la clinique, à approfondir ses intuitions cliniques, à les arrimer à des concepts théoriques, à transmettre et discuter les résultats de ses travaux.

mardi 30 octobre 2012

Quelques mots du Café Psychomot du 23 octobre 2012


« La place du sexuel en psychomotricité », tel est le titre que Roland Obeji nous donne pour introduire notre café-psychomot.

Premier constat fait par Jérôme Boutinaud et Madeleine Tordjman dans leur éditorial, constat repris par Roland : il n’existe pas d’écrits ou bien trop peu signés de psychomotriciens. L’invitation est faite : il faudrait qu’on s’y mette !

Puis Roland s’appuie sur le texte d’Olivier Rachid Grim dont il distingue deux parties, la première relatant ce transfert « amoureux » de cette mère accompagnant son enfant en soin et qui bien sûr ne laisse pas Olivier Rachid indifférent… Il la trouve même très séduisante. Puis une deuxième partie du texte plus polémique sur la place institutionnelle du psychomotricien-homme dans ce royaume féminin. Olivier Rachid aurait-il eu quelques fâcheuses expériences ?… En tout cas tous les hommes de notre profession ne le vivent pas si mal… Mais de là, Roland pose la question : « Mais la psychomotricité, c’est sexué ou pas ? » Il trouve d’emblée réponse, ne serait-ce que dans le choix du matériel. Les épées ou les gants de boxe font leur apparition dans les salles des psychomotriciens, et pas toujours dans celles des femmes exerçant la même profession…

D’où le postulat de Roland : « On est sexué dans notre présence professionnelle ». Ouf, je me sens mieux… nos pouvons repousser un peu plus loin cette angoisse de castration qui plane au-dessus de la tête de tout bon névrosé que nous sommes !

Roland annonce ensuite la différence entre féminin/masculin et maternant/paternant, positions plus volontiers réfléchies et écrites notamment par Catherine Potel.

Puisque nous sommes sexués, qu’est-ce qui fait tiers dans notre approche de la sexualité en psychomotricité ? Plusieurs champs de réponses :

• La théorie, mais les écrits de psychomotricien(-ne)s font défaut.

• La morale, mais il y a le risque que la morale interdise l’expression libre du patient (Jeu avec la ficelle de son pantalon de jogging par un ado qui a pris fin sous le regard interdicteur d’une psychomotricienne un peu trop moralisatrice).

• L’institution, parfois insuffisamment étayante dans notre pratique de psychomots (une abréviation qui fait l’unanimité des psychomotriciens hommes et femmes).

• Il y a le champ de la psychologie avec l’interdit fondateur, l’interdit du toucher, qui régit l’approche psychothérapique en psychologie. Mais le psychomotricien n’est pas soumis de la même manière à l’interdit du toucher.

O. R. Grim définit deux modalités de défense : le toucher opératoire et le toucher maternant régressif.

Il y a une inquiétude vis-à-vis de l’institution qui précède parfois l’inquiétude que nous pouvons ressentir dans la relation avec le patient.

Tout cela est bien compliqué, et la première hypothèse de Roland est que la psychomotricité ne peut pas traiter du sexuel. Le psychomotricien parle plus volontiers d’excitation. Or la psychomotricité est définie comme quelque chose qui doit contenir l’excitation (ref aux écrits de C. Potel). Pourtant Roland nous dit qu’il faut aussi sexualiser la personne que l’on a en face de soi, l’exciter pour qu'elle se sente un être sexué.

En fait, alors que la psychomotricité veut s’adresser à la globalité de la personne, ne faut-il pas isoler le sexuel pour travailler avec la sexualité sans travailler sur du sexuel ? « Il y a des choses qui ne me regarde pas », nous dit Roland et ne pas les regarder nous permet de voir, d’entendre, d’accueillir autre chose. En d’autre terme, qu’est-ce qu’on a à ne pas toucher quand on touche l’autre ?

Un débat riche suit cette mise au travail de Roland. De nouveaux participants s’y incluent.

Je m’étonne que Roland n’ait pas abordé la notion de juste distance.

Aran rapporte la dimension symboligène de notre travail qui fait tiers.

Béatrice précise la différence qu’il y a entre le sexuel et la sexualité.

Roland enrichit son discours en distinguant la position féminine qui correspondrait plus à la psycho-sensorialité, maternante elle est pare-excitante mais pas toujours. La position masculine rejoindrait plus la psycho-motricité de par l’agir qu’elle sous-tend.

Pour Sabine, la sexualité est essentiellement psychomotrice. Si nous, psychomotriciens, nous floutons la sexualité par peur de l’aborder, de ne pas la voir, qui le fera mieux que nous. La sexualité est une fonction psychomotrice.

Natacha évoque l’indication d’une patiente trisomique dont la sexualité envahissait toutes ses rencontres, laissant l’institution bien démunie et demandant en dernier recours une prise en charge en psychomotricité. Après avoir réfléchi à ce cas dans un groupe de travail, un psychomotricien-homme du groupe pose la question : « mais est-ce qu’elle jouit ». C’est non pas en voulant calmer son excitation, mais en excitant la patiente, dans la jouissance de ses autres orifices, que cette patiente a trouvé plus d’apaisement en son vagin, et peut vivre aujourd’hui une relation amoureuse unique et durable.

Je pointe la grande différence qu’il y a à accueillir une demande verbalisée par le patient qui place d’emblée la symbolique en tiers, et se trouver sidéré par le comportement à caractère sexuel qui peut faire émergence de façon brute et crue dans une séance. N’abordons-nous pas souvent le plaisir durant nos séances, en le nommant et le reconnaissant ?

Denis reprend le mot de « plaisir » finalement assez peu évoqué au cours de la soirée. Denis se réfère à Roussillon pour nous rappeler les différents niveaux de plaisir, plaisir d’organe et plaisir partagé.

Nous nous retrouverons un mardi de mars 2013 pour le prochain café-psychomot sur le thème suivant :

Le tiers et l’institution ou comment penser la place du psychomotricien dans nos institutions : quand l’institution fait tiers et étaye le psychomotricien dans sa clinique, ou bien quand ça ne fonctionne pas… quel dialogue envisager entre le psychomotricien et son institution ?

Si vous êtes intéressés pour nous proposer un texte de référence pour cette prochaine rencontre, ou si vous avez envie d’intervenir sur ce thème, contactez-nous par mail. Nous nous donnons toute cette fin d’année 2012 pour cela.

Je m’excuse d’avance de ne pas avoir repris dans ce compte-rendu l’intégralité des interventions. Elles ont été nombreuses. J’y ai moi-même participé, et n’ai pas tout noté. Voilà ce qui arrive quand nos café-psychomots sont si riches !

Merci à toi Roland pour ce partage.

Pour l’ARRCP,
Odile Gaucher-Hamoudi

mercredi 3 octobre 2012

Café Psychomot du Mardi 23 octobre 2012



L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vous propose :
Son prochain Café Psychomot qui se tiendra


Le mardi 23 octobre 2012
à 19h45

Au Mondrian café
1 quai Claude Bernard
69007 LYON

Venez échanger, réfléchir, discuter sur nos pratiques.

Dans notre travail de psychomotricien, la question du tiers ne cesse de nous interroger et nous allons la réfléchir tout au long de l’année.

Ce mardi 23 octobre, Roland Obéji nous réunit autour de deux textes pour aborder « le tiers et le sexuel », dans la continuité de notre dernière saison : celui d’O.R. Grim, « Le psychomotricien et l’action médico-sociale précoce, ou les dangers d’être un homme au royaume des femmes », in Thérapie Psychomotrice-et Recherches– Hors-Série – 2004, ainsi que l’éditorial écrit par J. Boutinaud et M. Tordjman du n°143, de Thérapie Psychomotrice-et Recherches– « Entre Fantasme et sexualité… une place pour les thérapies psychomotrices… ».

Entrée 5€ avec une consommation offerte.

Inscrivez-vous de préférence avant le 16 octobre 2012 en nous envoyant un mail à l'adresse suivante : arrcplyon@gmail.com
Réservée aux psychomotriciens diplômés
L'association n'étant pas autorisée à diffuser le texte, nous vous invitons à le consulter en bibliothèque.

vendredi 7 septembre 2012

Cafés psychomot’- Saison 2012-2013


Les cafés psychomot feront leur rentrée, dans notre Mondrian, devenu habituel.

 La nouvelle saison aura pour fil conducteur la question du tiers :

  • le tiers et le sexuel à partir des pistes dégagées à l’occasion de notre dernière rencontre et de la présentation de Thomas Bertero d’un cas clinique. Nous proposons de rediscuter de la question de la sexualité en thérapie psychomotrice à partir d’un texte D’Olivier Rachid Grim, « Le psychomotricien et l’action médico sociale précoce, ou les dangers d’être un homme au royaume des femmes », in THERAPIE PSYCHOMOTRICE -et Recherches– Hors-Série – 2004, et de l’Editorial écrit par Boutinaud et Tordjman du n°143, de THERAPIE PSYCHOMOTRICE -et Recherches– « Entre Fantasme et sexualité… une place pour les thérapies psychomotrices… ». Nous vous en reparlerons, mais la date est déjà retenue : mardi 23 octobre.
  • Le tiers et l’institution ou comment penser la place du psychomotricien dans nos institutions : quand l’institution fait tiers et étaye le psychomotricien dans sa clinique, ou bien quand ça ne fonctionne pas… quel dialogue envisager entre le psychomotricien et son institution ?
  • Le tiers dans l’interdisciplinarité : nous pensons aux groupes dans lesquels le psychomotricien peut animer seul ou co-animer les séances, sous le regard bienveillant d’un observateur psychologue, psychiatre ou psychanalyste, mais aussi comment le psychomotricien peut lui-même servir de tiers auprès de ses collègues infirmiers, éducateurs, aides-soignants afin d’enrichir le soin pluridisciplinaire. Nous pensons aussi à la place du psychomotricien dans ces temps d’élaboration interdisciplinaires si précieux…
Mais la rentrée, c’est aussi la poursuite du séminaire de recherche...

 La rentrée, c’est encore une journée d’étude en préparation pour le 9 février 2013 : nous vous en reparlerons…

Bonne rentrée à tous !

Pour l’ARRCP, Odile Gaucher-Hamoudi et Natacha Vignon

 

mardi 22 mai 2012

Quelques mots du Café-Psychomot du 15 mai 2012

C'est dans un Mondrian, tout intime et en petit groupe, que nous terminons cette saison des cafés psychomot sur le thème de la sexualité .
 
Thomas Bertero nous plonge avec lui dans sa rencontre avec Lisa, petite fille, âgée de 5 ans.

Il nous dit combien la lecture des textes proposés de Paul-Claude Racamier et Denis Vaginay est venue se coller avec cette situation clinique, au combien troublante, gênante et culpabilisante.

Dans une presque mise à nu, il nous raconte combien la rencontre avec cette enfant et la brutalité de ses mots connotés de sexualité est rentrée en collision avec une suspicion d'inceste.

La théorie s'efface,  ne semblant pouvoir permettre de se décoller et Thomas nous raconte cette histoire de « fesses ». Les fesses et l'orifice anal parlés par les mots de Lisa semblent à eux seuls évoquer les fantasmes d'une sexualité incestueuse.

Thomas nous parle de ses vécus, de ses fantasmes et de combien le rapprochement corporel dans le travail, les enveloppements, les propositions de portage chauffent la relation.

La sexualité entre innocence, confusion s'agit pendant les séances.

Dans sa présentation, Thomas vient tenter de relier ses vécus et ce qu'il imagine d'un amalgame entre tendresse et sexualité. Il nous cite Racamier qui évoque la tendresse : comme le premier moyen d'aimer et les premières satisfactions en lien avec les soins maternels.

La tendresse revêt un aspect technique : la mère porte, entoure, caresse, lange, manipule...

La tendresse a aussi un objet : le corps et en particulier la peau  qui lui confère deux qualités : continuité et tact.

C'est, pour Racamier, un dérivé sensualisé d'une sexualité dépulsionnalisée, c'est à dire une libido sans décharge, dans laquelle il n'y a pas de recherche de satisfaction immédiate, mais plutôt la transmission d'un sentiment d'autoconservation.

Thomas nous faire part de son tiraillement entre la représentation, étayée sur des hypothèses psychanalytiques, d'une recherche chez Lisa d'une nourriture de tendresse et l'impensable à penser,  la transgression de l'interdit ultime. Il nous cite alors D.Vaginay qui définit l'interdit de l'inceste comme « la loi d'où découleront toutes les lois permettant de définir des conditions du développement social ». Il explique dans son texte, nous rapporte Thomas,  qu'il y une différence entre interdire, s'interdire un acte et ne pas s'autoriser à en concevoir l'existence et éviter d'en accepter la réalité.

Thomas nous dit qu'il y aurait à concevoir une nécessaire érotisation du lien, caractérisé par la réalité du plaisir, tant que ne rentre pas en compte une excitation sexuelle directe, lien constitué aussi de manque, de frustration, nécessaire à la construction de l'identité sexuelle.

Pour terminer son histoire de Lisa, Thomas, avec beaucoup d'authenticité, nous rappelle que c'est bien en ne renonçant pas à aller se confronter à ses pensées, et à la culpabilité que lui a fait vivre cette enfant, qu'il continue à pouvoir et vouloir l'aider.
 
Cette présentation de Thomas va nous faire réagir et c'est d'abord du côté des  hypothèses clinique que nous échangeons, comme pour, dans notre groupalité,  tenter de sortir de la sidération et faire sens.

Pascale  amène l'idée de la curiosité infantile qui disparaîtrait, comme si il y avait une contamination de l'impensable incestuel.

Céline  nous invite à penser les éprouvés corporels de Lisa et son rapport à l'espace, le devant et le derrière.

Une image arrive : « Un être dans la jungle » et se pose la question de l'humain et du non humain.

Denis  nous rapporte une expérience et l'importance de maintenir le lien avec le parent afin de protéger l'espace thérapeutique et se sentir tranquille.

Roland nous rappelle que c'est la première fois que dans nos cafés psychomot la clinique arrive autant et amène quelque chose de la conflictualité et de la différence à recevoir cette situation « parlante »  selon que l'on soit psychomotricien homme ou femme. La position masculine est alors peut-être rendue plus difficile du côté d'une distanciation et d'une possibilité d'être dans une hypothèse du côté d'une fantasmatique de l'enfant.

Ça « chaufferait » presque entre nous, selon que l'on se place du point de vue de la fantasmatique sexuelle adulte ou enfant et je rapporte une expérience sur mon lieu de travail d'une situation clinique incestueuse qui nous faisait nous « chauffer » entre nous.

D'une manière plus générale, nos échanges deviennent presque philosophique du côté de l'homme et de la femme qui serait, sous le primat du maternel, presque déniée dans sa sexualité infantile.

Mathilde parle de relation d'humain à humain, où il y aurait presque à mettre de côté la question du génital.

Et Roland de rebondir sur la position clinique du psychomotricien, qui, en levant l'interdit du toucher, serait « sur le fil » et peut-être même embarrassé à l'idée de pouvoir provoquer de l'excitation en favorisant le sensoriel.

Des échanges riches où chacun présent nous parle de ses vécus, ses éprouvés : comment parler de sexualité ?, comment y répondre ?, quoi faire de nos malaises qui nous mettent face à nous même, à notre propre sexualité... ?

 Nous aurons, à défaut de répondre à toutes nos interrogations, tenter de mettre cette question si complexe au travail entre nous. La présentation intimiste de Thomas nous aura sans doute permis de ne pas aller trop nous défendre dans l'intellectuel et de nous laisser , une fois de plus, nous questionner, et porter par le dynamisme de notre position clinique éminemment du côté des éprouvés dans le corps.
 
Il ne nous est pas facile d'arrêter cette riche soirée et nous nous quittons avec l'envie de nous retrouver pour une prochaine saison...Des idées nous arrivent : comment continuer à attraper cette question de la sexualité ? Un thème se dessine aussi : le psychomotricien et sa place dans l'institution...
 
Ces cafés psychomot 2011-2012 ont été très riches de partages, de réflexions et c'est avec plaisir que nous vous retrouverons, Odile et moi, à la rentrée...

Mais avant cela, bonnes vacances !
 

Natacha Vignon pour l'ARRCP
   

samedi 21 avril 2012

Café Psychomot du Mardi 15 mai 2012



L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vous propose :
Son prochain Café Psychomot qui se tiendra
Le mardi 15 mai 2012
à 19h45

Au Mondrian café
1 quai Claude Bernard


69007 LYON

Venez échanger, réfléchir, discuter sur nos pratiques.
Pour ce troisième et dernier café-psychomot de la saison, Thomas Bertero nous réunit sur le thème de la sexualité autour de deux textes passionnants et complémentaires :
« Corps handicapé, sexualité, loi et institution », publié par Denis Vaginay in « La lettre de l’enfance  et de l’adolescence », Revue du GRAPE n° 72, Erès 2008, pp.107-113,
« Inceste contre tendresse », in « L’inceste et l’incestuel » de Paul-Claude Racamier, Dunod 2010, pp.68-73.


Entrée 5€ avec une consommation offerte.

Inscrivez-vous de préférence avant le 8 mai 2012 en nous envoyant un mail à l'adresse suivante : arrcplyon@gmail.com
Réservée aux psychomotriciens diplômés
L'association n'étant pas autorisée à diffuser le texte, nous vous invitons à le consulter en bibliothèque.

lundi 26 mars 2012

Café-psychomot du 28 février 2012, ou que faisons-nous de l’agressivité en psychomotricité ?


Une thématique chère à Bastien Morin nous a rassemblés autour du texte de D. W. Winnicott : "L’agressivité et ses rapports avec le développement affectif" in De la pédiatrie à la Psychanalyse, Science de l’homme, Payot, pp. 150-158.

Bastien commence par nous faire son résumé de la théorie de Winnicott en reprenant les points qui lui semble essentiels dans la clinique psychomotrice :

Tout d’abord l’agressivité dans la relation touche les deux interlocuteurs, l’agresseur et l’agressé.

A partir de la motricité primaire qui contient un début de violence, Winnicott distingue deux stades dans l’émergence de l’agressivité : le stade qui précède l’inquiétude et le stade de l’inquiétude. Dans ce dernier stade nait le sentiment de culpabilité qui promeut l’enfant vers la socialisation.

La motricité primitive n’est pas cruelle, et Winnicott la relie à la satisfaction du ça. Elle concerne l’enfant dès sa conception : cf les coups de pieds du fœtus dans le ventre de sa mère. Lorsque la mère est suffisamment bonne, en portant son bébé dans son utérus ou dans ses bras pour lui adresser son amour, "l’individu peut commencer son existence… Tout est prêt pour que le maximum de motricité s’incorpore dans les expériences du ça". Il y a un pourcentage de motricité liée, et le reste de la motricité non-liée. Si la part non-liée de la motricité est trop importante, il y a menace pour la santé de l’individu avec installation dans une position sadique ou masochiste.

Si l’environnement n’est pas suffisamment bon en devenant envahissant, apparait alors un faux self dont la fonction est de cacher le vrai.

L’agressivité est donc indispensable à la bonne maturation de l’enfant. Elle doit pouvoir se jouer dans les interactions au sein d’un environnement suffisamment bon, c’est-à-dire tout autant doux et enveloppant que dur, solide et fiable. C’est ainsi que le noyau narcissique se constitue.

L’agressivité est source de différenciation contrairement à la violence (en référence à Bergeret).

Puis Bastien nous invite à le suivre dans le lien qu’il fait entre cette théorie de l’agressivité et son travail de psychomotricien en gériatrie.

Que penser du vécu de traumatisme de la personne âgée accueillie en institution ? Comment l’ancien diminué dans ses capacités physiques ou psychiques peut-il encore se différencier et s’autonomiser ?

Pour Bastien, quand il y a crise de senescence et remaniement narcissique, la prise en compte de l’agressivité dans la relation thérapeutique devient un recours salvateur. Bastien imagine que la psychomotricité serait une médiation pour renvoyer à l’autre quelque chose de détoxifié de son expression agressive, en référence à Bion. Cela se fait par le jeu, ne serait-ce que dans l’humour qui peut même tourner à l’humour noir.

A partir de quand est-on surprotecteur et envahissant ? Jusqu’où favoriser l’autonomie de l’autre avec les risques qu’elle encoure, comme la chute ? Comment trouver la sécurité suffisante et seulement suffisante ?

Lorsque le vieux bave, crache, s’agrippe à ce qu’il peut de son environnement, cela fait violence. La violence est immédiate et manque de médiateur. L’agressivité réveille quelque chose de très archaïque, mais fait médiation.

Travailler à partir de l’agressivité est un moyen de réunir les individus, mais aussi de rassembler le sujet. Il n’y a pas que la protection : on peut considérer l’autre comme son semblable en se posant face à lui.

Le décodage du texte de Winnicott que Bastien nous a proposé à la lumière de sa clinique a motivé de nombreuses prises de paroles.

• Par les psychomotriciens travaillant aussi en gériatrie :

Bérangère nous relate comment les patients déments dans un groupe qu’elle tentait d’animer à l’aide un jeu de ballon lui semblaient absents, dans une ambiance "molle". En proposant des changements de support, de la petite balle à la plus grosse, puis à l’énorme ballon, les patients ont pu alors s’en saisir, dans une ambiance consistante qui a même laissé trace dans leur mémoire.

Mathilde pense sa façon d’être au travail dans une présentation de soi dénudée qui permet "d’aborder l’agressivité en montrant qu’on a pas d’arme."

• Cécile et Natacha, travaillant dans la clinique du polyhandicap disent comment le psychomotricien peut "prêter" parfois son corps au service de l’expression agressive du patient et comment celui-ci se retrouve compris et plus présent dans sa tonicité.

• Denis, travaillant en pédopsychiatrie rapporte la double injonction : "Tu peux exprimer ton agressivité, mais on n’a pas le droit de se faire mal." Il dit aussi comment le patient, en nous agressant, vient solliciter nos propres mouvements agressifs. Par exemple lorsqu’on se sent attaqué par un ballon lancé trop brutalement, comment on peut avoir envie de réagir en prenant notre revanche, avec violence. Et c’est bien l’introduction du jeu qui va orienter la rencontre vers la créativité.

• Aran rappelle l’importance de la sécurité indispensable à la prise en compte de l’agressivité. Comment une institution peut mettre dehors des résidents trop agressifs, alors qu’elle ne propose aucune suite de soin ? Cela illustre tout à fait le propos de Winnicott : dans l’agressivité on est deux.

• Je renchéris sur cette dimension institutionnelle. L’institution, en voulant être trop bienveillante n’est alors plus un environnement suffisamment bon, interdisant l’émergence de l’agressivité. Elle devient alors étouffante. Ce désir d’étouffer l’agressivité par une sédation ou une contention peut être aussi la seule solution trouvée par une équipe de soin en sous-effectif, illustrant comment la santé en France s’est dégradé. Nous ne pouvons que constater encore comment la qualité de notre travail clinique est tributaire de la santé de l’institution dans laquelle nous exerçons.

Le café-psychomot s’achève un peu à la hâte. Il y avait ce soir matière à discuter et le temps nous a semblé court. Merci à Bastien d’avoir si bien nourri cet échange.

Le prochain café-psychomot aura lieu le 15 mai 2012 et aura pour thème la sexualité. Nous vous tiendrons ultérieurement informés par le blog de l’écrit sur lequel nous nous baserons.

Pour l’ARRCP,

Odile Gaucher-Hamoudi

mercredi 1 février 2012

LE SEMINAIRE DE RECHERCHE DE L'ARRCP


Le terme de séminaire renvoie à la formation collective mais aussi au terme de « semis ». Le « semis » est donc quelque chose d’informe, de petit qui déposé dans un sol adéquat, avec des soins et du temps devrait un jour germer et prendre une forme nouvelle, bien différente de cette première graine. Telle serait le projet que nous souhaitons vous proposer, modeste certes mais nourrit d’une ambition de recherche, d’avancées théorico cliniques dans un cadre collectif, respectueux du rythme de chacun.
Se lancer dans un travail de recherche n’est au départ qu’une interrogation vague, une curiosité, une butée à notre réflexion. Nous avons tous de ces intuitions fugitives au cours de nos séances et il arrive qu’une d’entre elle revienne, nous pique. C’est du désir de vouloir creuser, d’avancer un peu plus loin que naît le projet de recherche. Et là, les difficultés arrivent, à commencer par le fait de se retrouver seul et de ne pas savoir dans quelle direction aller. Car un travail de recherche, quel qu’en soit le but, se doit de se donner du temps, de se trouver une méthode pour formuler ce premier thème de façon plus précise, plus théorique en tenant compte des différentes questions qu’il pose immanquablement. C’est ce qu’on appelle une problématique. De là pourra découler une hypothèse de recherche, une méthodologie de recherche et des résultats. Tout cela dépendra bien sûr du sujet de la recherche. Ce parcours n’est autre que celui d’une recherche aboutie et rien n’oblige ni d’aller jusque-là, ni de faire cela en peu de temps. Nous tenons pourtant, sans effrayer personne, à rappeler ce chemin car c’est là que nous nous situons, sans exclusive, sans échéance particulière et en toute modestie pour nous d’abord.

Ce séminaire n’est donc pas un lieu de supervision, ni un simple lieu d’échanges cliniques, ni un lieu de formation et encore moins un groupe d’experts. Ce séminaire vous propose du temps, une rythmicité des rencontres (tous les deux mois), une écoute attentive, respectueuse et créative. Chaque membre, engagé dans une réflexion de recherche clinique (même balbutiante) trouverait là un lieu d’aide dans sa démarche. Chacun pourra bénéficier d’un temps de parole à intervalle régulier pour présenter son travail, ses doutes, ses avancées, en toute liberté. Chacun se met à la disposition de celui qui présente pour ouvrir des pistes, proposer des aides de tous ordres. Le groupe s’engage à se mettre au service de votre recherche par ses critiques constructives, ses apports théoriques, bibliographiques etc. La qualité de cette attention est le gage de la réussite de ce séminaire.

Les membres du bureau de l’ARRCP, qui se porteront garant de ce cadre, se tiendront à la même place que tout autre participant, celle tout autant d’être aidé que d’aider sans présumer d’une quelconque hiérarchie de savoirs ou de compétences.

Pour ces raisons, l’inscription à ce séminaire suppose (après une séance d’essai) une participation régulière car nous devons aux autres la même écoute qu’ils nous ont accordée. Une cotisation de membre sympathisant (20€) sera demandée. Le séminaire proposera aussi un soutien méthodologique dans les échanges mais, selon les besoins, avec des intervenants. Si des thèmes semblent utiles au groupe, nous pourrons aussi rencontrer des personnes ressources. Une demi-journée annuelle de présentation de certains travaux pourra être proposée plus largement si cela est possible.

Ce séminaire doit être selon nous un lieu de l’expérience partagée du travail de la recherche. Telle est notre souhait et notre envie. Nous espérons pouvoir la partager avec vous.


mardi 31 janvier 2012

Réunion d'information : Séminaire Recherche

L'ARRCP organise une réunion d'information sur la mise en place de son séminaire de recherche

Le Mardi 20 mars 2012
à 19h30

à
La faculté de Médecine Rockefeller
8 avenue Rockefeller
69 008 LYON

Salle 202 Bâtiment Cier
Bâtiment annexe, derrière le bâtiment Rockefeller (cf plan ci-contre)

Cette réunion est ouverte à tous psychomotriciens recherchant un cadre permettant de prolonger un questionnement, de mener une réflexion de manière plus approfondie.

Nous établierons à la suite de cette réunion un groupe de participants, les modalités de fonctionnement ainsi que la fréquence des rencontres.

Afin d'organiser au mieux votre accueil merci de nous informer de votre présence par retour de mail.

samedi 14 janvier 2012

Café Psychomot Mardi 28 Février 2012



L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vous propose :
Son prochain Café Psychomot qui se tiendra

Le mardi 28 Février 2012
à 19h45

Au Mondrian café
1 quai Claude Bernard
69007 LYON

Venez échanger, réfléchir, discuter sur nos pratiques.

Nous nous retrouvons pour ce deuxième café psychomot  et c'est Bastien Morin, qui, nous invite à une réflexion et un partage sur le thème de l'agressivité, à partir du texte de Winnicott D. W., "Intervention à un symposium" dans "L'agressivité et ses rapports avec le développement affectif" in De la pédiatrie à la Psychanalyse, Science de l'homme Payot, pp. 150-158.


Entrée 5€ avec une consommation offerte.

Inscrivez-vous de préférence avant le 21 Février 2012 en nous envoyant un mail à l'adresse suivante : arrcplyon@gmail.com
Réservée aux psychomotriciens diplômés
L'association n'étant pas autorisée à diffuser le texte, nous vous invitons à le consulter en bibliothèque.