L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vise à promouvoir la recherche clinique en psychomotricité par divers moyens notamment : l’organisation de séminaires, colloques, groupes de réflexion. Soutenir des projets individuels ou collectifs de recherche sur la clinique psychomotrice, favoriser et/ou rechercher la collaboration avec des structures à même d’apporter une contribution directe ou indirecte au but poursuivi par l’association et tout particulièrement avec l’Institut de Formation en Psychomotricité de Lyon.
Elle s’adresse à tout psychomotricien désireux d’engager un travail d’approfondissement théorico-clinique, quel que soit son champ d’exercice professionnel ou son référentiel théorique et clinique.
Susciter les échanges, favoriser le débat entre psychomotriciens, soutenir la réflexion et la recherche à propos de la pratique, telles sont les ambitions de l’ARRCP Lyon et région. Dans cet objectif, l’association mise sur l’engagement de ses membres dans une démarche qui consiste à se confronter aux difficultés et aux doutes rencontrés dans la clinique, à approfondir ses intuitions cliniques, à les arrimer à des concepts théoriques, à transmettre et discuter les résultats de ses travaux.

mardi 18 novembre 2014

La 6ème Journée d'Etude en psychomotricité


L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région organise:

le samedi 31 Janvier 2015

sa 6ème journée d'étude en psychomotricité sur le thème

Le corps du psychomotricien : une médiation ?


Cliquez sur la plaquette ci-dessous pour avoir le détail du programme de la journée.




Pour toutes inscriptions, vous pouvez télécharger la plaquette en format pdf en cliquant sur le lien ci-dessous, et nous renvoyer le bulletin d'inscription à l'adresse de l'ARRCP avant le 10 janvier 2015.

Un aperçu du Café Psychomot' du mardi 4 novembre 2014

La temporalité en psychomotricité.
Café psychomot’ du 4 novembre 2014 animé par Natacha Vignon et Odile Gaucher

La météo du jour et les inondations rhônalpines ont un peu bousculé la temporalité de nos rencontres…  En préparant notre café-psychomot, nous avions omis l’incidence du temps météorologique !
Certains d’entre vous n’ont pu rejoindre le Mondrian. A défaut, vous trouverez ce compte-rendu. Nous étions 17 rassemblés dans l’atmosphère chaleureuse du Mondrian et du groupe.

Natacha a proposé notre introduction à deux voix en solo. Et en inversant nos présentations, nous avons pu réfléchir tout autant sur le temps de la sidération et la crainte de l’effondrement dans le contexte du déménagement « temporaire » de l’institution dans laquelle travaille actuellement Natacha que sur le déroulé temporel de notre travail de psychomotricien à partir de différentes expériences professionnelles d’Odile.
  
Introduction commune.
 Le temps c’est la vie. Du passé à l’avenir, l’histoire se déroule… Et que raconte celle du psychomotricien ? A quel rythme travaille-t-il ? Sa cadence peut être régulière mais aussi chaotique en d’autres périodes.

Depuis la nuit des temps, le temps est pensé, étudié, illustré, représenté par les mathématiciens, les philosophes, les peintres  (les tableaux du Caravage), dans la mythologie grecque.
Dans la mythologie alexandrine et romaine, Chronos est le père des Heures, personnification des douze heures du jour ou de la nuit.
Dans sa représentation moderne, qui n'existe pas dans la mythologie classique, c'est un vieil homme doté avec des ailes noires, armé d'une faux et d'un sablier.
Sur des mosaïques romaines (mosaïque du zodiaque) on trouve Aion qui personnifie l'Eternité.
Dans la littérature : « A la recherche du temps perdu », « La vie devant soi »…
Et dans la chanson : on ne peut qu'avoir en tête des mélodies comme « Yesterday, » « Avec le temps », « La valse à mille temps »…

Enthousiasmé par le jeu des rencontres le psychomotricien est  le plus souvent dynamique.  Mais tout de même, la temporalité des soins psychomoteurs ne dépend pas que de lui. Il y a tout d’abord le patient qui en décide aussi. Et l’institution impose ses propres rythmes.
Comment le psychomotricien tente-t-il de s’accorder au mieux avec ces injonctions tout en préservant la qualité temporelle du déroulement des thérapies, du tout premier accueil jusqu’à la fin du soin ? Comment le processus thérapeutique avance-t-il en séances, mais aussi durant l’échéance qui les sépare ?
En cliniciennes que nous sommes, c’est en partant de nos expériences professionnelles que l’une, puis l’autre, allons préciser notre présentation. Après ce moment fusionnel à deux voix, voici celui de la différenciation… Eloignons nous un peu pour mieux nous compléter l’une l’autre !

Natacha :
 Je vais vous parler d'un temps : le temps de la sidération.
Je remarque immédiatement le paradoxe dans mon titre.
Un paradoxe contenant peut-être quelque chose  d'un hors temps,  mesurable seulement comme un temps objectif au sens où l'entend le philosophe Henri Bergson.

Bergson oppose le temps objectif à la durée (ou temps subjectif). Le temps objectif correspond à la vision scientifique du temps. C'est le temps mesuré par l'horloge, celui qu'on divise en heures, minutes et secondes.
Mais Bergson reproche à la science de manquer l'essence du temps. Croyant mesurer le temps, le scientifique mesure en réalité de l'espace (l'espace parcouru par exemple par l'aiguille de l'horloge ou par le sable dans le sablier) et, du reste, spatialise le temps, comme le montre cette habitude de représenter le temps par une droite c'est à dire par un espace. Le scientifique manque l'essentiel, ignore la réalité du temps.  Cf. Henri Bergson, La pensée et le Mouvant, Editions Puf Quadrige, Paris, 2008, p. 3 : « La ligne qu’on mesure est immobile, le temps est mobilité. La ligne est du tout fait. Le temps est ce qui se fait, et même ce qui fait que tout se fait. »
Dans «  La Pensée et le mouvant, » en résumant tout son parcours de pensée Bergson écrit  « Mais cette durée, que la science élimine, qu'il est difficile de concevoir et d'exprimer, on la sent et on la vit. Si nous cherchions ce qu'elle est ? Comment apparaîtrait elle à une conscience qui ne voudrait que la voir sans la mesurer, qui la saisirait alors sans l'arrêter, qui se prendrait enfin elle-même pour objet, et qui, spectatrice et actrice, spontanée et réfléchie, rapprocherait jusqu'à les faire coïncider ensemble l'attention qui se fixe et le temps qui fuit ? »
Le temps réel est la durée, dimension de la conscience. Le temps subjectif est le temps vécu, celui qui fait paraître certaines heures plus longues et d'autres plus courtes, celui surtout qui se révèle dans l'expérience de l'attente.

Détour par la clinique....
 Je travaille dans une institution accueillant des adultes infirmes moteurs cérébraux et polyhandicapés. Nous avons déménagé il y a trois mois, dans un autre lieu, le temps de la construction d'une nouvelle structure que nous devrions rejoindre dans 2 ans.
Autant dire une transition de longue durée.
Ce déménagement pourtant prévu, vient à mon sens sidérer et figer le temps.
C'est comme si tout était bloqué, comme s'il n'était plus possible de rêver, comme si le temps était suspendu. Et le vécu ne s'imprime plus en soi, l'expérience d'être là ne paraît pouvoir s'inscrire dans une temporalité.
46 résidents et beaucoup de professionnels sont donc à vivre, subir ensemble ce déménagement et la sidération est là.
Cela me fait penser à celle qui peut naître dans la rencontre avec le handicap lourd. L'impensable, l'irreprésentable, l'innommable ne peut être vécu, venant attaquer toute possibilité d'inscription dans un devenir, et la rêverie sur et avec l'autre.
Les parents d'enfants handicapés ont souvent bien eu à faire avec cela et ils en témoignent avec une hypermnésie redoutable, quand le médecin leur a annoncé que leur enfant avait un problème. La mémoire souvenir dont parle aussi Bergson semble coupée d'une autre mémoire celle de l'habitude (celle de l'action).
On pourrait aussi rapprocher cela de  la question du traumatisme psychique. Simone Korffe-Sausse et plus près de nous Gaëtan Munoz, s'attachent à nous montrer combien il n'est alors plus possible de se projeter dans un devenir, dans un temps à vivre, à rêver et dans le « un jour tu seras grand ».

Dans le nouvel établissement, je me souviens y travailler deux jours par semaine.
Les journées passent étrangement, je n'y ai pas d'espace pour recevoir mes patients. Les suivis individuels et groupaux sont donc interrompus depuis 3 mois.
Le temps me paraît insaisissable, je ne sais même jamais quelle heure il est. Le bruit des assiettes sur les tables d'une salle à manger me rappellent qu'il doit être midi bientôt. Je n'arrive pas à écrire. Je ne sais pas où sont mes patients, où est leur chambre, leur groupe.
Je me mets à penser la réactivation de cette sidération des premiers moments et peut-être aussi tout au fond la crainte de l'effondrement décrite par D.W.Winnicott.
L’exploration du traumatisme entraîne Winnicott à parler de déprivation pour qualifier ce « rien ne s’est produit », dont la manifestation sera un sentiment « d’effondrement dans l’aire de la confiance, qui retentit sur l’organisation du moi »
À la perte de confiance qui en résulte répond la perte d’espoir « dans les possibilités à venir de la poursuite de l’intégration psychique ». Le désespoir, un sentiment d’insécurité profonde, la crainte permanente d’un effondrement, de la folie, de la mort sont le terreau d’une rancune, d’une envie stérilisantes. L’envie et le traumatisme originel plongeraient ainsi leurs racines communes dans l’ « être », dans les failles de son devenir.
La crainte de l’effondrement, projetée dans le futur, serait l’écho d’un « effondrement de l’institution du self unitaire » vécu-éprouvé dans le passé. Ce breakdown, marquant de son traçage négativant la chair vive du tissu psychique, aurait laissé un vide, une lacune, dont l’activation serait à la source d’angoisses disséquantes primitives et impensables. Au creux de l’être en proie à une crainte de l’effondrement, résiderait un non-being, trace blanche, lacunaire d’une « mémoire amnésique » (André Green) d’un « quelque chose (qui) aurait pu être bénéfique (et où) rien ne s’est produit ».


 Je me rends bien compte que je n'inscris plus de rdv dans mon agenda et que péniblement j'essaie de faire l'effort de penser quels résidents je recevais et quand, avant.

J'essaie quand même d'aller à la rencontre de mes patients … dans les couloirs, dans la chambre, dehors. J'entends Jérôme, jeune patient aux traits autistiques répéter sans cesse « où elle est la chambre » et s’agripper à mon bras et me tirer jusqu'à celle-ci.
Je me dis alors qu'il l'a repéré, mais qu'il ne semble pas comprendre ce qu'il fait là.
Emmelyne , elle, plus directement, demande tous les jours et plusieurs fois par jours quand est ce qu'elle retourne à l'autre foyer. Elle semble s'être trouvé un endroit pour dormir et laisser passer le temps. C'est en tout cas ce que je me dis quand je la vois près du radiateur où elle passe la majeure partie de la journée. Dans l'autre foyer justement elle dormait aussi beaucoup, diminuée dans son corps, par une maladie neuro-dégénérative atteignant son tonus musculaire, mais elle coiffait ses poupées à qui elle racontait des histoires. Emmelyne demande là que ses poupées soient rangées au même endroit dans sa chambre, assisses sur un fauteuil manuel, les unes contre et sur les autres et elles ne doivent pas bouger d'un millimètre. Mes collègues me disent à quel point c'est obsessionnel.

Véronique, que je suis depuis plusieurs années, quand je la croise et lui dit que nous réfléchissons à comment reprendre les soins en psychomotricité me répond par un « on verra si on se revoit » et détourne son regard du mien. Me ferait-elle sentir quelque chose de son vécu d'abandon ou de lâchage ?

Je pense aussi à Sandra et à Nathanaël, avec qui nous avions fabriqué de la transitionnalité si j'ose m'exprimer ainsi.
Avec tous deux, il a été question d'un objet à créer, à emporter lors du déménagement.
Je me dis en pensant à ces deux patients , qui ont avec persévérance, insisté pour qu'un espace de soin puisse se recréer pour eux, combien la temporalité en a pris un coup et surtout combien il m'était impossible de reprendre le cours du soin et mes notes dans lesquelles j'aurais pu facilement retrouver la trace de ces objets.
Je ne m'en souvenais plus...
Pour Sandra il s'agit d'un dessin que nous avons réalisé lors des dernières séances dans l'ancien établissement. Un dessin représentant la salle et inscrit de nos prénoms.
Pour Nathanaël, il s'agit d'un balle à demi-transparente, en plastique dur contenant un ballon de baudruche qui avait explosé lors d'une séance il y a bien longtemps et que j'avais gardé dans ce contenant.
  
Qu'est donc devenue cette aire transitionnelle ?
 Je pense alors à la symbiose primaire, celle qui permet l'accordage des rythmes et qui progressivement dans le jeu de la transitionnalité et de la co-création se dépasse. Face à ses enfants, devenus adultes, elle n'a pu tenir très longtemps tellement l'altérité s'est imposée de manière trop marquée.
Ici c'est comme si le handicap était à nouveau propulsé sur le devant de la scène, que l’exiguïté des couloirs, des chambres, les longues attentes devant l'unique ascenseur, les passages ratés des résidents en croisant d'autres, le rapprochement, replongeaient dans les abîmes du corps et ses entraves et faisait revivre aussi les liens comme source d'insécurité et d'angoisse.
L'institution aurait-elle été prise, à son insu, dans un débordement de ses fonctions contenantes et sidérée dans ses fonctions d'élaboration ?
Serions-nous alors dans le risque que décrit Albert Ciccone d'une symbiose secondaire, toxique et bien souvent mortifère ?
Cette structure d'accueil temporaire trop étriqué, trop ramassé, manquant cruellement d'espace entre deux, ressemblerait à un retour dans le magma primitif et l'indifférenciation, comme une naissance à refaire ?
Moi-même, aurais-je été comme les parents, aliénés par des vécus irreprésentables, face à l'impossible du temps réel, à l'impossible illusion créatrice ?...
  
Alors , je pense à un autre résident, plus discret, le chat de l'institution. Il cherche sa place, n'est plus propre, semble fortement perturbé par ce déménagement. Et sans faire de la grande psychologie de chat, il est connu que ces animaux ont besoin de repères stables et fixes. Ça me rappelle le thème de nos cafés psychomot l'année dernière sur la créativité et la médiation en psychomotricité. Quelle drôle de médiateur que Frimousse , qui me permet de me souvenir de son âge, de son arrivée dans l'autre établissement, de ses différentes « adoptions » par des résidents...
Sa maladie, sa vulnérabilité est actuelle, il vient d'être opéré et sa vie est bien menacé. J'ai envie de penser qu'il va survivre de cette expérience traumatisante, qu'il sera le porte-voix d'une expérience de dépassement et d'élaboration d'un fameux déménagement. (un de mes chers collègues m'aidant à élaborer, m’a, dans un élan très lacanien fait remarquer le signifiant du mot dé/ménagement, privé de ménagement...).
 

Odile :
 Je m’étonne déjà de la grande variété des durées des prises en charge que j’ai pu vivre :
·                    Les plus courtes, chez les prématurés, mais aussi en soins palliatifs… C’est toujours dans la surprise qu’un prématuré naît trop tôt, et même si la mort est attendue en service de soins palliatifs, elle nous surprend toujours.
Et si ces deux expériences semblent être aux opposés, qu’est-ce qu’elles se ressemblent. Tout d’abord par l’intensité émotionnelle des rencontresEst-ce que ce p’tit bout de 600g va pouvoir survivre ?... Et dire que ce patient que j’apaise par mes massages relaxants va mourir bientôt ; il est pourtant là bien vivant dans ce peau à peau… Cette intensité émotionnelle oblige les équipes à des temps de parole indispensables : relèves, synthèse, supervision pluridisciplinaire, plus tous les temps informels de partage.
Une autre similitude dans ces deux cliniques est la place primordiale laissée à la famille. Rencontrer le prématuré dans les bras d’un de ses parents, c’est la condition indispensable à la facilitation d’un meilleur attachement. Rares ont été mes propositions de stimulation psychomotrice en étant seule avec le jeune bébé. Celles-ci avaient alors pour but de soutenir l’équipe de puéricultrices dans leur présence auprès du bébé, dans le cas où les parents étaient trop peu présents (état de santé grave de la mère…)
En soins palliatifs, l’ensemble des soins médicaux, infirmiers ou psychomoteurs se déroulent toujours en présence des proches, si le patient le souhaite. Ça peut être une réelle demande de sa part, ou bien au contraire, le patient peut choisir de profiter de chacune des présences familiales et soignantes à tour de rôle, comme dans un relais de présence auprès de lui.
Du fait de la courte durée de prise en charge (d’une semaine à six mois), les séances sont fréquentes (3 à 5/semaines), chez les prématurés comme en USP. Le psychomotricien est donc convoqué dans une grande adaptabilité… Comment choisir les moments des séances afin non seulement qu’ils répondent le mieux possible au patient et leur famille, mais aussi que ces séances puissent s’interposer entre les séances des autres patients… Agenda indispensable au quotidien pour s’y retrouver !!
La fréquence rapprochée des séances correspond non seulement à l’état de présence très évolutif du patient prématuré ou adulte en fin de vie (état de conscience, épisode douloureux…), mais je pense qu’elle permet dans la répétition des rencontres de créer un rythme redondant, rassurant… Daniel Marcelli nous parlerait de macro-rythme.
·                    Des durées de prise en charge variables en gériatrie hospitalière, en fonction du projet d’hospitalisation. Le court séjour correspond à des temps de médecine interne (de 15 jours à deux mois), le SSR, Soin de Suite et de Réadaptation, autrefois appelé « moyen séjour », a pour projet entre autre la rééducation (ex : rééducation à la marche après fracture du col du fémur), et le long séjour un accueil médicalisé du patient physiquement et/ou psychiquement dépendant.
·                    Des durées tout aussi variables pour les ados et jeunes adultes souffrant de troubles des conduites alimentaires : de 3 semaines, le temps pour un patient boulimique de vivre un sevrage qui vient interrompre l’avalanche des crises devenues incontrôlables, jusqu’à 10 ans de thérapie pour que Anna, une patiente anorexique accède enfin au plaisir de vivre sa vie adulte.

Le rythme des prise en charge est très variable, fonction du dispositif de soin : hospitalisation complète, hospitalisation de jour, ambulatoire, quel que soit l’âge et la pathologie du patient.

L’horaire des séances doit être parfois souple quand cela répond à la disponibilité du patient (fatigabilité en soin palliatif, mais aussi dans l’anorexie grave, besoins physiologiques du patient au risque d’être caricatural : sommeil du bébé, repas en unité des troubles des conduites alimentaires, sieste de la personne âgée…), ou doit être dans d’autres circonstances fixes (prise en charge des ados pour éviter le vécu d’abandon lié à l’attente de la séance, mais aussi en gériatrie pour instaurer une rythmicité des soins sur laquelle les repères temporels du  patient parfois floutés par le vieillissement peuvent s’étayer…)

La durée des séances est à ajuster à la disponibilité des patients :
·                    20 mn à ½ heure, ça peut être déjà beaucoup pour un bébé, un être âgé ou une personne fatiguée physiquement par la maladie.
·                    En dehors de ces cas de figure, la durée idéale des séances individuelles semble être de trois quart d’heure : le temps de s’installer pleinement dans une médiation, de la vivre et d’échanger sur nos ressentis, le temps d’une rencontre enrichie ou le temps de l’ennui… Pour cela, un seul conseil, psychomotriciens, gardez l’œil sur votre montre !
Quand la durée de la séance est fixée d’avance, l’envie de la terminer plus tôt, mais aussi le retard de fin de séance peuvent être signifiant. C’est par exemple la difficulté à se séparer de la patiente boulimique, ou « l’envie d’en finir » de la personne âgée.
La durée de la séance vient soutenir notre cadre interne, pour appuyer le projet de soin co-créé avec le patient tant que faire se peut. Les retards de début de séances, leurs fins avortées ou leur dépassement marquent tout autant la compliance, la mise au travail, que les attaques du cadre que le patient agit sur nous ou avec nous. Mais il nous faut être assez rigoureux avec notre propre temporalité, afin de ne pas attribuer au patient des manquements liés à nos propres défaillances… car il est bien clair que nous en avons !

Le temps de la prise en charge groupale : une vigilance toute particulière. Prendre le temps de penser les groupes alors que les institutions nous demandent de plus en plus de faire des groupes.
Toute la difficulté du groupe réside à penser tout autant le dispositif groupal qui pourrait enrichir le soin de nos patients que repérer pour chacun d’eux en quoi ce groupe lui serait intéressant. Cela revient à croiser projet de groupe et projet de soin individuel, ce qui n’est pas une mince affaire et demande non seulement du temps, mais aussi beaucoup d’énergie et de vigilance.
Si une thérapie psychomotrice individuelle peut se mettre en place assez rapidement et simplement dans les suites d’une première rencontre argumentée par notre observation psychomotrice étayée ou non d’un bilan, le groupe thérapeutique, lui prend corps progressivement en pensant encore le dispositif (Faut-il l’adapter au vu des patients qui le constituent ?) à la croisée de la clinique de chaque patient susceptible d’y participer. 

Le temps entre les séances permet au processus thérapeutique d’évoluer :
·                    Pour le patient, et cela nous échappe…
·                    Pour nous, à notre insu, ou bien de façon toute à fait recherchée au travers de synthèses cliniques, supervisions, écritures, guidance de stage… et les temps de réflexion de l’ARRCP !

L’écriture, un temps personnel de travail tellement aidant…qui pourrait à lui seul faire l’objet d’un café-psychomot !
J’insisterai bien volontiers sur le temps de l’écriture du psychomotricien. Au-delà de nos notes de séances, écrire, c’est structurer un récit qui soit compréhensible par le lecteur potentiel, mais c’est au moins autant reconstruire la trame temporelle de nos rencontres, y retrouver le sens de notre projet thérapeutique et comment celui-ci évolue dans cette histoire de rencontre. Il s’agit finalement de narrer des histoires de soin de leur début à leur fin, nous projetant bien sûr bien au-delà, c’est-à-dire remontant avec la première rencontre sur l’histoire de vie du patient depuis sa naissance, voire même avant, dans l’attente parentale, mais imaginant aussi la fin du soin comme son cheminement plus autonome dans son avenir sans nous, avec tout au plus le possible souvenir encore porteur de nos séances.
 ….

Et le temps de débattre résumé ici en quelques mots :
 Merci à Alexandra, Aran, Christine, Iris, Mathieu, Anouk, Mélanie, Pascale, Stéphanie, et Véronique, et peut-être d’autres encore d’avoir nourri notre réflexion.
Parmi nos échanges, comment être là en restant présent à nos patients pour vivre ensemble l’expérience traumatique du chaos institutionnel : transformer le temps de la sidération en temps de traversée du chaos, nous dit Pascale.
Mais aussi l’importance de considérer le temps dans son lien étroit à l’espace, à partir de l’expérience de Natacha, mais aussi celle d’Alexandra qui nous explique comment ,créer un groupe en gériatrie dans un lieu passant, l’obligeait à cadrer beaucoup les séances alors que dans un lieu de soin mieux défini et fermé, protégé, lui permettait de se sentir beaucoup plus libre dans ses propositions. Cela fait référence à notre propre cadre interne et à comment il peut parfois être protégé, et parfois mis à mal par l’institution.
Mélanie reprend la référence à Marcelli dans la ritualisation qu’elle instaure souvent dans sa façon de travailler (accueil-retrouvailles, propositions de travail corporel et fin de séance). Cette ritualisation fait contenance, comme les macro-rythmes définis par Marcelli.
Aran nous dit aussi comment ,travailler à partir du rythme, (avec les percussions corporelles par exemple) étaye le temps de la rencontre dans le dialogue rythmique qui prend corps en s’inscrivant dans l’ici et le maintenant de nos séances.
  
Nous terminons ce café-psychomot réchauffés par nos échanges, en annonçant le prochain : ce sera le mardi 24 février 2015. Cécile Mottet nous présentera comment le temps de l’écriture soutient son travail, à partir d'une expérience clinique longue et dans laquelle le traumatisme et la sidération ont été très opérents.

Mais avant, nous pourrons nous réunir le 31 janvier 2015 lors de notre Journée d’étude. Pour plus d’informations, veuillez surfer sur le blog.

Appel à Manifestation pour la défense de la psychomotricité 5 décembre 2014


Chers Collègues
 Face à l’immobilisme du gouvernement depuis 3 ans sur la réingénierie de leur formation,
LE CEDIFP, la FFP, l’AFPL, L’AFEPP, l’ANEP, le SNUP, l’UNSA et FO 
appellent les psychomotriciens à manifester
 Le 5 Décembre après-midi à Paris


Pour que la formation initiale des psychomotriciens soit portée à 5 années d’études 
assortie de l’obtention du grade Master
Pour une totale reconnaissance de la profession, de sa compétence et de son rôle primordial dans le service apporté à la population, que ce soit dans les domaines de l’éducation à la santé, la prévention et le soin ;
Pour une prise en considération de l’effort de développement de la recherche en psychomotricité indispensable au maintien d’un service de soin de qualité pour les français.


Départ : 14h30 devant le MINISTERE de l'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR et de la RECHERCHE 
                         1 rue Descartes, Paris 5ème
                         station Maubert-Mutualité (ligne 10) ou Jussieu (ligne 7 ou 10)

Arrivée : entre 16h00 et 17h00 devant le MINISTERE de la SANTE.
                         14 Avenue Duquesne, 75007 Paris, 
                          stations  Ecole militaire (ligne 8), St François Xavier (ligne 13) 
                                          ou Ségur (ligne 10) 

A cette occasion, le collectif a informé les ministères concernés et a demandé officiellement à être reçu par chacun d’eux à cette occasion.
Par ailleurs, vous trouverez en pièce jointe le communiqué de presse rédigé par le collectif

et sur le lien suivant :


Par ce que :
    notre profession sait s'unir pour avancer, 
    chaque présence compte,
    votre implication est indispensable à l'évolution
    la sauvegarde de notre profession dépend de notre action à tous

Nous vous attendons nombreux le 5 décembre!

Le Président,
Alexandre PROUTEAU

Le Vice-Président
Marc CHAMPION
Site de l'association:   http://www.a-f-p-l.fr


Pour télécharger le préavis de grève cliquez sur ce lien :

Pour télécharger le communiqué unitaire: 



Pour soutenir le mouvement, une pétition a été créée, il suffit de suivre le lien pour la signer :




Le communiqué unitaire


mardi 16 septembre 2014

Les cafés psychomot, saison 2014-2015


La temporalité sera le thème de nos rencontres.

Le mardi 4 novembre 2014 à 19h45 au Mondrian Café à Lyon, c’est à deux voix que nous mettrons en discussion la temporalité à partir de différents points de vue : en séance, dans leur succession au sein de la thérapie psychomotrice, dans l’institution et dans les temps d’élaboration.

Nous nous appuierons chacune sur notre propre clinique pour tenter de dégager le déroulement temporel du processus de soin, réfléchi à la lumière de la psychologie, de la psychanalyse et de la philosophie.

Pour les deux cafés psychomot suivants (dont les dates vous seront communiquées ultérieurement) plusieurs sous-thèmes émergent déjà : le temps de la rencontre, la discontinuité de cette rencontre, la fin du soin, le choix d’une médiation rythmique comme support de la temporalité du sujet. 

Mais peut-être avez-vous d’autres propositions à nous faire ? Nous sommes toujours prêtes à vous guider dans des choix d’articles à discuter et à mettre en mots votre expérience et la réflexion qui l’accompagne.

Vous pouvez d'ores et déjà vous inscrire et nous faire part de vos propositions, sur l'adresse mail de l'ARRCP :  arrcplyon@gmail.com

Odile Gaucher et Natacha Vignon


Réservé aux psychomotriciens diplômés
Entrée: 5 € + consommation d'une boisson à régler sur place
Pré-inscription par mail au plus tard avant le 28 octobre 2014
Lieu : Mondrian Café, 1 quai Claude Bernard, 69007 LYON

mercredi 18 juin 2014

Ouvrage : "La pataugeoire : contenir et transformer les processus autistiques", Anne-Marie Latour

 
 
 
 
Anne-Marie Latour réédite son ouvrage « La pataugeoire ; contenir et transformer les processus autistiques » par les éditions Erès.
Il s’agit d’une édition actualisée et augmentée : le texte initial a été conservé mais une nouvelle introduction permet d’affirmer la pertinence de cette approche dans le contexte (polémique) actuel. D’autre part, des compléments placés en fin d’ouvrage témoignent de questions nouvelles et d’avancées dans la compréhension et le maniement de la technique :
 
« la manipulation concrète de l’eau et des objets favorise la formation de catégories essentielles telles l’espace, le temps, la permanence, la conservation, la réversibilité, etc., et facilite la création de liens de causalité, indispensables à la structuration et au développement d’une pensée. Dans le cadre d’une pataugeoire, expérimenter, jouer, recréer, mobilisent toutes les ressources de l’enfant via l’exercice de sa motricité fine ou globale. Ce « travail de fond » vient potentialiser et consolider ses fonctions intellectuelles dans des mises en forme ludiques qui apparaissent pour eux comme de véritables trouvailles.
            La structuration du moi corporel est ensuite réexaminée en approfondissant le problème de son organisation spatiale. Dans les états archaïques, il apparaît que le corps n’est perçu que comme matière ou substance qu’il devient urgent de délimiter et contenir dans une forme, celle-ci devant en outre résister aux mouvements. Cette prégnance de la matérialité du corps se traduit dans un comportement singulier en adhésivité, en collage aux qualités matérielles de l’environnement, que nous appelons échotonie. S’y oppose dans le travail thérapeutique, le jeu avec les objets dont le choix par l’enfant semble relever d’une véritable expérience esthétique ; il permet en outre de soutenir le passage pour le psychisme de l’enfant, d’une fonction « auto » à une dynamique spéculaire puis réflexive.
            La nécessité de donner forme au corps, ou plus exactement aux sensations du corps, passe par des étapes maintenant bien repérées et décrites dans l’ouvrage. Ces étapes sont des préalables à la construction et la stabilisation du contenant corporel, c’est-à-dire du sentiment d’avoir un corps, que celui-ci soit stable, organisé, délimité et enfin approprié. Elles sont, pour cette raison, appelées images du corps pré-contenantes.  L’une d’entre elles, le « moi-tuyau » sera approfondie.
            La pataugeoire est un des dispositifs les plus adaptés pour partir tranquillement à la découverte du corps et pour sa « construction ». Il apparaît dans cet espace que tout peut concourir à expérimenter et raconter le corps. Habituellement, les relations corporelles, puis les jeux partagés de la petite enfance sont les expériences permettant de s’approprier progressivement les qualités, les compétences mais aussi les impossibilités du corps propre, ses dimensions émotionnelle, cognitive et instrumentale. Les enfants avec autisme singulièrement sont peu disposés aux jeux de corps à corps et même à ces jeux partagés qu’il faudra pourtant bien mobiliser. Or, une pataugeoire se constitue elle-même, au fil des séances, comme un corps intéressant à explorer et connaître. L’hypothèse qu’elle peut fonctionner comme un analogon du corps, permettant bien des activités et des expérimentations en médiatisant les découvertes et les échanges entre enfant et soignant, sera développée. »
 

43 ème JA de Thérapie Psychomotrice, "Corps et Intériorité", 16 au 18 octobre 2014, Grenoble






mercredi 23 avril 2014

Un aperçu du Café psychomot' du Mardi 15 avril 2014


C'est à l'abri d'un vent frais printanier que nous nous sommes réunis, au Mondrian,  Mardi 15 avril pour ce dernier café psychomot' de la saison, sur le thème «  Quand les médiations aident à la créativité »

Marite Charbonnier, qui à partir de sa lecture de trois textes, celui de J.L Tourvieille « les objets médiateurs dans les psychothérapies et les thérapies à médiation », celui de René Roussillon «  Médiation et création. Pour une métapsychologie de la médiation » et celui de Blandine Maliaud « la médiation corporelle en psychomotricité », s'est lancée avec nous, de manière très vivante et nous parle d'abord de sa compréhension de ces 3 articles, en la croisant avec sa clinique.

Du texte de J.L Tourvieille, Marite nous rappelle la définition de l'objet médiateur et associe en le citant, à Alphonse de Lamartine « Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme... ».
L'objet médiateur, au sens de Fedida, est « l'objet chose, plus ou moins concret, qui se caractérise par sa matérialisation, par l'expérience de perception et de motricité, dans une discontinuité entre sujet et objet chose ».
Marite nous dit alors que percevoir les objets comme extérieur à elle, l'aide à se dégager de ce qu'elle peut vivre en séance.
Pour J.L Tourvielle, l'objet médiateur recouvre plusieurs fonctions essentielles :
·         celle de pare-excitation, en délimitant par la matérialité
·         celle de tiers dans la relation : un intermédiaire entre soi et l'autre (idée également reprise dans le texte de Blandine Maliaud), un objet commun à partager, à créer
·         celle d'une proposition d'accordage.

Dans les thérapies psychomotrices le corps de psychomotricien est engagé tout comme le corps du patient. L’objet chose met de la distance, créant un espace de rencontre.
Marite, en nous reparlant de Lamartine, vient interroger les qualités psychiques de l'objet.
Elle nous dit que pour elles, ce sont les patients qui choisissent ces objets qui permettent pour chacun de se décoller.
Elle relève aussi la part mystérieuse de ces choix et l'intuition de psychomotricien, et l'après coup dans lequel cela se joue.
Les objets proposés en séance permettent une observation et le ressenti de l'accordage et de l'ajustement avec le patient.
·         Celle d'aider à la mise en représentation et à la mentalisation. Marite nous fait remarquer que cette notion est commune aux 3 textes.
Elle nous rapporte aussi son intérêt pour l'objet ballon de baudruche qui permet à la motricité de se déployer à partir de ses qualités de fragilité, de malléabilité, et d’imprévisibilité. Avec Lucas, un de ses petits patients, qu'elle décrit comme tonique et dur, le ballon va permettre que la destructivité se joue et devienne agressivité, communiquant par cet intermédiaire.

Du texte de René Roussillon, Marite dégage la piste du grandir psychiquement en avançant sur nos expériences en les intégrant.
Dans le temps de nos séances, nous avons aussi à pouvoir nous représenter aussi.
Quand Roussillon parle de traces mnésiques perceptives, Marite pense à cette matière première que l'enfant vient mettre en jeu en séance de psychomotricité. Une matière première complexe où se mêlent Moi, non-Moi, pulsions, perceptions.
Roussillon parle de se représenter un vécu, de se le présenter à nouveau et de la nécessité de le simplifier en le décondensant par déplacement et transfert sur d'autres modalités.
Marite nous fait part de son expérience de psychodramatiste et de comment les objets partiels thérapeutes se prêtent dans leur manière d'être, dans leur corps, dans leur psyché à des niveaux pré-conscients, à la mise en scène pour proposer au patient des représentations.
Roussillon parle aussi dans son article de la fonction maternelle à s'ajuster au plus près, tout en étant décalé.
Marite pense à ce renvoi, ce miroir que nous pouvons faire à nos patients.

Du texte de Blandine Maliaud, Marite dégage la notion de ce qui sort de l'immédiateté. En effet elle introduit la question de ce léger différé.
La question du corps est posée : peut-on considérer le corps comme une médiation ?
Et Marite de nous dire qu'elle s'interroge, ne sait pas, si l'on considère, comme l'auteur, le corps, dans sa dimension pulsionnelle, tonique, d'éprouvés et d'impressions.
Celui lui fait penser aux travaux en neurosciences d'Ansermet et Magistretti, quand elle insiste sur l'inscription des impressions dans les cellules.
Marite va se laisser aller à nous livrer ces images à elle, teintées de sa sensibilité artistique à la peinture et à la musique: une palette émotionnelle et une tonalité émotionnelle dans la rencontre psychomotrice afin d'éprouver avec l'autre et de pouvoir rester présente à lui.
Le cas cité par Blandine Maliaud dans son texte évoque à Marite un de ses patients, Tony. Elle décrit un déchaînement dans les séances et une attention pour éviter toutes les mises en danger de cet enfant. Marite vit les séances comme un chaos, avec des éprouvés d'épuisement, d'impuissance et d'angoisse.
Le cadre de soin, soutenu par le médecin et la maman de Tony, a permis que cela tienne. Marite fait l'hypothèse que cet enfant avait certainement besoin qu'elle puisse s'écouler avec lui.
Ainsi de séances où les corps s'écroulaient brutalement, quelque chose du monde interne de Tony s'est déplacé en mettant en corps des chutes sur des objets et un transfert directement sur des Kapla qui s'écroulaient.
Les images qui traversaient l'actualité locale à ce moment (destruction de la muraille de Chine de St Etienne, le tsunami en Indonésie), ont fait médiation et autorisé l'expression de la destructivité de Tony.
Marite fera trace photographique avec Tony d'une construction qui aura finalement pu tenir, symbole de ce qui tient autant pour Tony que pour Marite.
Marite, pour conclure sa riche présentation, nous parle de son interrogation  sur ce qu'elle utilise elle pour intégrer et métaboliser ce que les patients lui font vivre en séance.
Elle a recours à des images internes, des médiations de l'ordre de la culture, de l'art, des thèmes bibliques.
Elle nous dit avec force et croyance, qu'un soin, c'est peut-être comme une œuvre d'art, d'artisanat, un parcours créatif.
Et elle nous invite avec Pierre-Michel Menger, sociologue spécialiste du monde des arts et de la culture, à penser la différence entre un travail créateur et le travail, du côté de l'incertitude quant au résultat.

Cela donne à associer aux participants de ce café :
Aran dit comment avec la présentation si vivante de Marite, elle a eu le vécu d'être rentrée dans sa pratique, et d'associer avec les 3 temps dont parle Roussillon dans son texte : celui de la prise, de la déprise et de la reprise.

Denis rappelle l'effort que l'on fait pour passer à un objet extérieur pour se décoller et s'interroge lui aussi quant à la nature des objets médiateurs entre inanimé et animé et le corps comme soi et non-soi et de demander à Marite si elle n'aurait pas aidé Tony à ne pas traiter son corps comme un objet extérieur.
Il nous questionne aussi sur comment cette question de la médiation se travaille auprès des adultes.

Je parle de ma pratique en CMP, auprès d'adultes psychotiques mais aussi névrotiques  et de comment travailler sur les représentations et différences entre l'infantile et infantiliser. Il s’agirait alors de permettre aux patients l'accès à l'archaïque dans le respect des défenses existantes.

Sandra parle de ce que la médiation peut induire chez les adultes, en terme de sens, d'imaginaire, de représentation (groupe relaxation, groupe théâtre).

J'évoque le jeu « l'air de rien », le choix des objets rassurants et codifiés socialement (coussins, set de table IKEA...)

Odile nous dit qu'avec les personnes âgées l'explication de la technique permet de lâcher avec les défenses.
Il est aussi question des adolescents qui refusent parfois de jouer pour ne pas faire trop petits.

Joséphine associe avec son travail à domicile chez les personnes âgées, pour lesquelles l'objet est souvent désinvesti et combien il peut est difficile de trouver des médiations, des médiations qui ne sont pas matérialisables pour tenter de se rencontrer.

Et alors quand il n'y a pas d'objeu (au sens de Roussillon), est-ce qu'on parle vraiment de médiation ? Qu'est ce qui fait médiation ?
La dimension temporelle de la créativité arrive dans nos échanges et les personnes âgées s'invitent dans les associations de nos collègues, comme des témoins d'une histoire qui a été créée... ?

Je vous laisse sur cette interprétation qui est la mienne, remercie Marite pour la richesse de son propos.

Nous allons, quant à nous, plancher cet été pour une nouvelle saison des cafés psychomot' et sommes preneuses Odile et moi, de toutes vos envies, suggestions de thème dont vous voudriez entendre parler...

En attendant un bon printemps et un bon été à chacun d'entre vous...

Pour l'ARRCP,
Natacha Vignon

mercredi 5 mars 2014

Café Psychomot' le Mardi 15 Avril 2014 à 19h45


Quand les médiations aident à la créativité...le thème de ce 3ème et dernier café psychomot' de la saison nous sera présenté par Marite Charbonnier le Mardi 15 avril 2014 à 19h45.
 
Elle s'appuiera sur les 3 articles suivants :
-          « Les objets médiateurs dans les psychothérapies et dans les thérapies à médiation » par Jean-Louis Tourvieille,
-          « La médiation corporelle en psychomotricité » par Blandine Maliaud, dans la revue Thérapies Psychomotrice et Recherches n° 112 (Soins et médiations...rien n'est possible dans l'immédiat)
-          et sur l'article de René Roussillon « Médiation et création, une métapsychologie de la médiation » dans Le journal des psychologues 2012/5 n° 298

 Nous attendons vos pré-inscriptions sur arrcplyon@gmail.com avant le 8 avril 2014.
Nous vous enverrons un mail retour de confirmation.

Le jour-même nous vous demanderons 5€ ainsi que la commande d’une boisson. 

mardi 11 février 2014

Un aperçu du café psychomot’ du 14 janvier 2014


Quel exercice périlleux et courageux de rentrer dans l’impasse, dans celle de nos thérapies psychomotrices lorsque plus rien ne semble bouger…  C’est Joséphine Dufour qui  s’y est « jetée », nous prouvant avec brio que c’est en réfléchissant sur nos impasses que le chemin du déroulement thérapeutique prend forme.
Psychomotricienne, Joséphine Dufour travaille en ITEP depuis sept ans avec donc une connaissance expérimentée de l’enfant « turbulent ». Elle déploie aussi une activité libérale depuis deux ans.

Joséphine s’est appuyée sur le texte d’André Calza et  Maurice Contant : « Le problème : vers une clinique de l’impasse », pp. 45-75, in « Corps, sensorialité et pathologies de la symbolisation », Elsevier Masson, Paris 2012.
Joséphine commence d’ailleurs sa présentation avec l’hypothèse des deux auteurs. Pour eux, « l’impasse est un fonctionnement qui résulte  d’une dégradation progressive du fonctionnement psychique adossé à la paradoxalité. » Ils font bien sûr référence à D. W. Winnicott, exposant le déroulement chronologiques des trois paradoxes dans l’éveil psychique : « être seul en présence d’autrui », « le trouvé-créé » et le « détruit-trouvé ».
L’acceptation de ces trois paradoxes débouche sur le sentiment de continuité d’existence, et le travail psychique de la transitionnalité.
Calza et Contant pense que c’est par défaillance de la symbolisation primaire que les patients addictifs dans l’anorexie et dans l’hyperactivité prennent appui sur leurs sensations corporelles et motrices. Du fait d’un échec de la rencontre maternelle dans le plaisir, il y a un défaut de représentation. D’où la nécessité d’un mouvement perpétuel avec déplacement des représentations vers les sensations. Pour les deux auteurs, la décharge motrice a un sens.

L’observation psychomotrice pourrait-elle nous renseigner sur ce qui s’agit dans le corps et se répète ?

Après avoir exposé ces étayages à la réflexion de notre clinique, Joséphine nous invite à la suivre dans l’accueil de Mathieu en thérapie psychomotrice.
Mathieu est un garçon de 11 ans hyperactif. Il est le deuxième d’une fratrie de trois garçons. Très dysharmonique, il semble être l’enfant symptôme responsable du conflit parental.
Mathieu est suivi en psychomotricité depuis 2006 pour maladresse, à la demande de sa mère. Joséphine s’est inscrite dans ce suivi depuis quatre ans. Mathieu a été hospitalisé en psychiatrie il y a deux ans suite à une menace de tentative de suicide exprimée au cours d’un entretien psychothérapique. Elle nous fait remarquer que la menace est considérée comme un fait de réalité.
Mathieu est un enfant qui bouge tout le temps, toujours fébrile. Si bien que Joséphine ponctue son observation par l’expression de son propre vécu : « Là je suis un peu fatiguée… Là je n’arrive plus à penser, à jouer. » Joséphine a bien souvent l’impression de ne pas être dans un plaisir partagé avec Mathieu, plaisir qui devrait être porteur du jeu et de la relation (cf Winnicott).
Les séances comportent habituellement des jeux d’adresse, des jeux moteurs (foot, tennis…), puis d’un temps de relaxation. Il semble impossible à Joséphine de sortir de ce « modèle «  de séance.
Mathieu a du mal à accepter les règles. Plus les séances se succèdent et plus Mathieu ne supporte plus de perdre.
S’il n’y a pas de plaisir, à l’inverse, Mathieu ne semble pas percevoir de déplaisir. Il ne se lasse pas tant que ce n’est pas terminé. Il y a beaucoup d’excitation. Mathieu peut parfois casser du matériel (raquette de tennis).
Lorsque Mathieu et Joséphine se retrouve la semaine suivante, celle-ci lui dit : « On n’a pas joué ». Mathieu se montre alors plus calme, plus apaisé, avec l’impression que cela continue, que tout n’est pas détruit. C’est alors qu’arrivent en séances les mimes dans un plaisir partagé. Cependant Mathieu reste à distance de ses affects.

En prenant du recul par rapport à ces quatre années de thérapie psychomotrice, Joséphine pointe des attitudes paradoxales de Mathieu :
·        Il se coupe de la relation en s’enveloppant dans des matelas, privilégiant la communication infra-verbale.
·        En étant complètement immobile il dit : « Il faudrait faire quelque chose ». Mathieu est alors dans un état d’ « agitation immobile », nous dit Joséphine, comme s’il y avait une absence de réflexivité sur son état.

Les matelas peuvent être une barrière protectrice contre les intrusions. Mais plus généralement, le jeu moteur est la seule voie d’entrée en relation.
D’après Calza et Contant, c’est le défaut d’échoïsation qui empêche à la décharge motrice de devenir message.
Perdre à un jeu, c’est peut-être perdre quelque chose de lui.
La psychomotricité serait un cadre psychothérapeutique judicieux pour Mathieu, ne présentant pas de double contrainte, c’est-à-dire sans interdiction de bouger.
La plupart du temps, le corps prend toute la place et finalement parle peu. Dans l’immobilité, dans cet état de « tension immobile » voir « d’agitation immobile », Mathieu est peut-être en attente d’une parole de la part de Joséphine.  En tout cas, Joséphine peut le penser. Serait-ce une expérience « d’être seul en présence de l’autre » ?

A partir de cette présentation de Joséphine, nous nous laissons penser, et les échanges s’animent entre nous.

Natacha nous dit que le cas de Mathieu illustre comment dans la répétition il y a projection sur l’extérieur, sur le thérapeute psychomotricien. Accueillir la répétition permettrait d’introduire la transitionnalité. Le « on n’a pas joué » de Joséphine rappelle le cas du petit Anthony décrit par Calza et Contant et qui amène les deux auteurs à ce questionnement « Quel jeu potentiel recèle ce non jeu ou quel jeu potentiel est en souffrance ?»

Interrogée sur les moments où Mathieu se cache sous les matelas, ou dans le tunnel, Joséphine le comprend aussi comme un besoin d’être contenu, de se sentir protéger. Par ailleurs, Mathieu aime se montrer (jeux de mimes).

Denis pense que le jeu, c’est toujours pour de vrai pour ces enfants. Entre le semblant et le pour de vrai, il n’y a pas de différence, pas de distance. Le faire semblant agirait comme un travail de désillusion de la réalité (une issue déçue).

Roland reprend le moment de retrouvailles avec les mots de Joséphine « On n’a pas joué ». Une parole qui questionne l’existence d’un espace transitionnel dans l’aire de jeu. C’est comme une menace de confusion : Est-ce du jeu ?
Il y aurait une menace de confusion chez Matthieu et Joséphine. Cette confusion nous ramène à la question du paradoxe de Winnicott et Roussillon évoque, lui, la capacité à résister dans la réalité.
Denis reprend l’expression de Joséphine « agitation immobile ». La confusion entre l’inerte et l’immobile, entre la vie et la mort, serait peut-être trop à fleur de peau pour que le thérapeute puisse la recevoir.

Roland ramène un autre paradoxe : celui de l’indication qui, si elle est pertinente car du côté du passage à l’acte, elle est aussi tellement sensible et sérieuse que c’est peut-être très difficilement sublimable.

D’autres échanges croisés nous ramènent aussi du côté de l’histoire de Matthieu, de sa souffrance, de son « faire semblant » et de ce qui  à peut-être à se construire d’abord dans le corps du thérapeute (rythmicité, posture…)

Enfin Joséphine conclue en relatant comment la préparation de ce café psychomot’ lui a permise d’avancer dans son travail avec Mathieu, pensant que plus généralement, c’est en travaillant sur nos impasses que nous pouvons nous remettre à penser et sortir de la confusion pour ré-ouvrir à la créativité de nos rencontres en séance de psychomotricité.
En tout cas, un grand merci à toi Joséphine pour ta présentation et le débat qu’elle nous a permis en toute créativité !

Le prochain café psychomot’ aura lieu le 15 avril prochain. Nous vous invitons à consulter le blog de l’ARRCP durant la deuxième semaine de mars pour avoir confirmation de la date.
Le thème sera celui des médiations : comment le choix et le façonnage de l’outil médiatique permettent-ils de relancer la créativité ?
Qui veut se lancer dans ce projet ?... avec bien sûr notre aide habituelle si besoin dans le choix d’un ou de plusieurs articles de références, mais aussi dans l’élaboration de la présentation.

Pour l’ARRCP,

Odile Gaucher et Natacha Vignon