Quelques mots du Café-Psychomot du 15 mai 2012
C'est dans un Mondrian, tout intime et en
petit groupe, que nous terminons cette saison des cafés psychomot sur le thème
de la sexualité .
Thomas Bertero nous plonge avec lui dans sa
rencontre avec Lisa, petite fille, âgée de 5 ans.
Nous aurons, à défaut de répondre à toutes
nos interrogations, tenter de mettre cette question si complexe au travail
entre nous. La présentation intimiste de Thomas nous aura sans doute permis de
ne pas aller trop nous défendre dans l'intellectuel et de nous laisser , une
fois de plus, nous questionner, et porter par le dynamisme de notre position
clinique éminemment du côté des éprouvés dans le corps.
Il ne nous est pas facile d'arrêter cette riche soirée et nous nous quittons avec l'envie de nous retrouver pour une prochaine saison...Des idées nous arrivent : comment continuer à attraper cette question de la sexualité ? Un thème se dessine aussi : le psychomotricien et sa place dans l'institution...
Il nous dit combien la lecture des textes
proposés de Paul-Claude Racamier et Denis Vaginay est venue se coller avec
cette situation clinique, au combien troublante, gênante et culpabilisante.
Dans une presque mise à nu, il nous raconte
combien la rencontre avec cette enfant et la brutalité de ses mots connotés de
sexualité est rentrée en collision avec une suspicion d'inceste.
La théorie s'efface, ne semblant pouvoir permettre de se décoller
et Thomas nous raconte cette histoire de « fesses ». Les fesses et
l'orifice anal parlés par les mots de Lisa semblent à eux seuls évoquer les
fantasmes d'une sexualité incestueuse.
Thomas nous parle de ses vécus, de ses
fantasmes et de combien le rapprochement corporel dans le travail, les
enveloppements, les propositions de portage chauffent la relation.
La sexualité entre innocence, confusion
s'agit pendant les séances.
Dans sa présentation, Thomas vient tenter
de relier ses vécus et ce qu'il imagine d'un amalgame entre tendresse et
sexualité. Il nous cite Racamier qui évoque la tendresse : comme le
premier moyen d'aimer et les premières satisfactions en lien avec les soins
maternels.
La tendresse revêt un aspect
technique : la mère porte, entoure, caresse, lange, manipule...
La tendresse a aussi un objet : le
corps et en particulier la peau qui lui confère deux qualités :
continuité et tact.
C'est, pour Racamier, un dérivé sensualisé
d'une sexualité dépulsionnalisée, c'est à dire une libido sans décharge, dans
laquelle il n'y a pas de recherche de satisfaction immédiate, mais plutôt la
transmission d'un sentiment d'autoconservation.
Thomas nous faire part de son tiraillement
entre la représentation, étayée sur des hypothèses psychanalytiques, d'une
recherche chez Lisa d'une nourriture de tendresse et l'impensable à
penser, la transgression de l'interdit
ultime. Il nous cite alors D.Vaginay qui définit l'interdit de l'inceste comme
« la loi d'où découleront toutes les lois permettant de définir des
conditions du développement social ». Il explique dans son texte, nous
rapporte Thomas, qu'il y une différence
entre interdire, s'interdire un acte et ne pas s'autoriser à en concevoir
l'existence et éviter d'en accepter la réalité.
Thomas nous dit qu'il y aurait à concevoir
une nécessaire érotisation du lien, caractérisé par la réalité du plaisir, tant
que ne rentre pas en compte une excitation sexuelle directe, lien constitué
aussi de manque, de frustration, nécessaire à la construction de l'identité
sexuelle.
Pour terminer son histoire de Lisa, Thomas,
avec beaucoup d'authenticité, nous rappelle que c'est bien en ne renonçant pas
à aller se confronter à ses pensées, et à la culpabilité que lui a fait vivre
cette enfant, qu'il continue à pouvoir et vouloir l'aider.
Cette présentation de Thomas va nous faire
réagir et c'est d'abord du côté des
hypothèses clinique que nous échangeons, comme pour, dans notre
groupalité, tenter de sortir de la sidération
et faire sens.
Pascale
amène l'idée de la curiosité infantile qui disparaîtrait, comme si il y
avait une contamination de l'impensable incestuel.
Céline
nous invite à penser les éprouvés corporels de Lisa et son rapport à
l'espace, le devant et le derrière.
Une image arrive : « Un être dans
la jungle » et se pose la question de l'humain et du non humain.
Denis
nous rapporte une expérience et l'importance de maintenir le lien avec
le parent afin de protéger l'espace thérapeutique et se sentir tranquille.
Roland nous rappelle que c'est la première
fois que dans nos cafés psychomot la clinique arrive autant et amène quelque
chose de la conflictualité et de la différence à recevoir cette situation
« parlante » selon que l'on
soit psychomotricien homme ou femme. La position masculine est alors peut-être
rendue plus difficile du côté d'une distanciation et d'une possibilité d'être
dans une hypothèse du côté d'une fantasmatique de l'enfant.
Ça « chaufferait » presque entre
nous, selon que l'on se place du point de vue de la fantasmatique sexuelle
adulte ou enfant et je rapporte une expérience sur mon lieu de travail d'une
situation clinique incestueuse qui nous faisait nous « chauffer »
entre nous.
D'une manière plus générale, nos échanges
deviennent presque philosophique du côté de l'homme et de la femme qui serait,
sous le primat du maternel, presque déniée dans sa sexualité infantile.
Mathilde parle de relation d'humain à
humain, où il y aurait presque à mettre de côté la question du génital.
Et Roland de rebondir sur la position
clinique du psychomotricien, qui, en levant l'interdit du toucher, serait
« sur le fil » et peut-être même embarrassé à l'idée de pouvoir
provoquer de l'excitation en favorisant le sensoriel.
Des échanges riches où chacun présent nous
parle de ses vécus, ses éprouvés : comment parler de sexualité ?,
comment y répondre ?, quoi faire de nos malaises qui nous mettent face à
nous même, à notre propre sexualité... ?
Il ne nous est pas facile d'arrêter cette riche soirée et nous nous quittons avec l'envie de nous retrouver pour une prochaine saison...Des idées nous arrivent : comment continuer à attraper cette question de la sexualité ? Un thème se dessine aussi : le psychomotricien et sa place dans l'institution...
Ces cafés psychomot 2011-2012 ont été très
riches de partages, de réflexions et c'est avec plaisir que nous vous
retrouverons, Odile et moi, à la rentrée...
Mais avant cela, bonnes vacances !
Natacha Vignon pour l'ARRCP
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