L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vise à promouvoir la recherche clinique en psychomotricité par divers moyens notamment : l’organisation de séminaires, colloques, groupes de réflexion. Soutenir des projets individuels ou collectifs de recherche sur la clinique psychomotrice, favoriser et/ou rechercher la collaboration avec des structures à même d’apporter une contribution directe ou indirecte au but poursuivi par l’association et tout particulièrement avec l’Institut de Formation en Psychomotricité de Lyon.
Elle s’adresse à tout psychomotricien désireux d’engager un travail d’approfondissement théorico-clinique, quel que soit son champ d’exercice professionnel ou son référentiel théorique et clinique.
Susciter les échanges, favoriser le débat entre psychomotriciens, soutenir la réflexion et la recherche à propos de la pratique, telles sont les ambitions de l’ARRCP Lyon et région. Dans cet objectif, l’association mise sur l’engagement de ses membres dans une démarche qui consiste à se confronter aux difficultés et aux doutes rencontrés dans la clinique, à approfondir ses intuitions cliniques, à les arrimer à des concepts théoriques, à transmettre et discuter les résultats de ses travaux.

mardi 10 février 2015

Un aperçu du Café Psychomot' du mardi 24 Février 2015


Cécile Mottet nous embarque, une vingtaine de psychomotriciens, au Mondrian, ce mardi 24 février pour ce deuxième café psychomot sur le thème de la temporalité en psychomotricité.

Autour de Melle A, une patiente cérébro-lésée en conséquence d'une chute vertigineuse du 3ème étage quand elle avait 18 mois, Cécile nous raconte avec force et authenticité l'hyper flot narratif de ses écrits post-séances, comme moyen pour « faire du temps » face au traumatisme.

Nous y serons avec Cécile, quand elle nous décrit sa rencontre avec Melle A, âgée maintenant de 25 ans, dans un FAM pour adultes polyhandicapées, quand elle est au prise avec l'irreprésentable et la répétition « ad libitum de vécus qui ne réussiraient pas à s'inscrire dans son corps ».
L'indication du suivi en psychomotricité concerne les difficultés de Melle A à pouvoir se repérer dans le temps, demande émanant du médecin, de l'équipe et même des parents.
Cécile nous dit qu'elle ne pourra pas se saisir de cette indication tellement elle est débordée, sidérée parce que Melle A lui donne à voir.  La raconter serait presque une « gageure », et il manquerait toujours quelque chose pour la décrire.
« Je ne vous dirais jamais assez pour l'évoquer, c'est comme un manque permanent ».

Les très nombreuses chutes répétées de Melle A pendant de nombreux mois,  imparables, insoignables, conduisent Cécile à un harassement, à des vécus d'elle-même hors sensation et à une écriture presque intarissable des séances pour se tenir dans ce péril clinique.
« Tout ce qui est élaborée à propos de cette patiente semble revenir inlassablement autour de la chute traumatique, du traumatisme familiale, de la culpabilité, de la honte et de la mort ».
Cécile se réfère à Ferenczi qui, à propos du traumatisme, dit «  il y a que l'analyste ne peut se représenter l'impensable de l’événement traumatique et qu'il ne peut secourir le patient en cet endroit et que c'est ce deuil qui est à faire et de l'ennui qui peut apparaître chez le thérapeute comme de l'impossible être dans une même pensée, dans un partage d'éprouvé ».
La sidération et le traumatisme deviennent liés et suspendent le temps et l'inscription.

Cécile s'appuie aussi sur le texte de Denis Mellier « l'intégration psyché-soma et le temps de l'intrigue, ce que nous apprennent les bébés », qui cite Daniel Stern et la notion de trame temporelle d'éprouver, une expérience qui se construit dans un événement affectif.
L'écrit d'après-séance prend donc la forme d'une trame temporelle où les actions pendant la séance sont associées à un contenu psychique dans les écrits.

Et puis voilà qu'une intruse va s’inviter lors d'une séance, une araignée. Cécile nous fait alors l'aveu de sa phobie de ces insectes et de ce qui va se passer alors : toute son attention va converger vers le contrôle des déplacements de l'insecte et la gestion de sa propre peur, Melle A se retrouvant un peu loin alors des préoccupations psychiques de Cécile.
La séance araignée semble avoir agi comme un saisissement pour Cécile de ses propres peurs et de Mlle A qui perçoit cela permettant alors le dépassement de la sidération par le partage d'un affect : la peur.
Jouer la peur deviendra alors possible et Melle A de dire « nous avons bien joué ».
Cécile reprend Stern au travers de Denis Mellier qui parle de « l'intrigue qui donne trame à un vécu émotionnel (...). La narrativité est à entendre comme fondée sur l'existence d'une « intrigue », d'un mouvement qui ordonne dans un immédiat après -coup des événements séparés. »

Cécile continue toujours à recevoir Melle A qui commence à pouvoir mettre en acte les scénarios joués précédemment, « la peur aurait donc permis que fasse un peu trace le souvenir. » « La temporalité se déroule toujours dans le présent, mais les incohérences se font moins présentes, son passé parfois se raconte, d'une manière étrange, mais il se raconte ».
Pour conclure Cécile nous rappelle que c'est en allant avant tout s'appuyer sur ses sens que la narration a pu prendre forme et que le temps a pu commencer à se penser et de nous interroger sur l'effort particulier que demanderait nos écrits d'après séances, dans l'attention qu'on y porte, dans l'impression que l'on y met...


Après cette très riche présentation de Cécile, nous allons échanger et Odile, commence par nous parler de l'image de la toile d'araignée, et du travail intéressant d'Albert Ciccone sur la narration des séances qui permet ensuite la réflexion et l’interprétation de ce qui s’y joue.
Cela me fait associer moi à la construction d'un conte,  en deux temps : celui de l'écriture affective et celui de la théâtralisation dans la relecture.
Joséphine propose une analogie entre sidération et arrêt.
La séance de l'araignée nous donne à penser du côté d'un fil de toile, d'un affect partagé, d'une relance émotionnelle.
Martin questionne Cécile sur les effets d'avoir évoqué la situation clinique de Melle A dans différents espaces (groupes d'élaboration-séminaire d’écriture) et sur des changements dans ses prises de notes après cela.
Cécile parle d'une histoire qui se raconte comme elle peut.
On parle également des personnes âgées et de la démence avec lesquelles la question de l'émotion est hyper présente dans le partage. Des liens entre le sensoriel et l’émotionnel se tissent même quand le cognitif ne permet plus à la pensée d'organiser le vécu...
Sans l'émotion, le récit serait plat.
Roland revient à nouveau sur la séquence de l'araignée qui selon lui vient révéler comment on est mis à mal dans l'attention bienveillante qu'on accorde à l'autre, parfois pas loin de l'emprise. Ce serait alors comme un moment de lâcher-prise, un petit espace qui permet à l'autre de se saisir de nous, alors que nous ne sommes plus dans une toute bienveillance. Il parle de l'exemple de Stern et du reflet du soleil sur le sol, et de la mère, avec son enfant,  qui vient permettre l'accès au symbolique en amenant en quelque sorte l'idée de perte d'une émotion qui ne pourrait pas être saisie dans toute ses dimensions, ce qui fait pour Roland, lui rappelle ce que Cécile des bouts de Melle A et de ce qui lui manque.
Des images cinématographiques et presque mythologie sont amenées avec le personnage de Matrix et des différents codes qui permettent de constituer une histoire.
Pour Cécile, la mise en mots pendant la séance n'a pas servi la clinique, ce qui pourrait apparaître comme une ambivalence au vue de son écriture faite de beaucoup de mots.
Martin s'interroge sur le traumatisme qui pourrait venir mettre à distance l'émotion jouée, la mimogestualité.
Denis, amène lui, l'image de la déambulation pour être dans une écoute passive : ça serait comme se promener dans la séance et le travail de déambulation sensorielle, imaginaire précéderait la surprise.

Nous terminons nos échanges sur nos écrits post-séances pour survivre, pour servir la symbolisation lorsqu'il y a trop de vide, comme une réponse à nous-mêmes.
Les écrits parfois dans les institutions perdent de la substance et deviennent mortifères avec cette nécessité de tout écrire pour être professionnel.
Alors se rappeler que ça n'est pas un absolu et que ça n'est pas parce qu'on écrit qu'on pense...
Mais écrire, n'est-ce pas laisser une trace... ?


Un grand merci à Cécile pour sa présentation et ses peurs avouées.
Les phrases italiques entre les guillemets sont des extraits du propos de Cécile.

Pour information, les deux textes cités en référence dans la présentation de ce café sont trouvables sur le site du CAIRN.

Le prochain café psychomot’ se déroulera le 28 avril, toujours au Mondrian, toujours sur le thème de la temporalité, mais dans la séance. Vous trouverez prochainement sa présentation sur le blog.

pour l'ARRCP, Natacha Vignon.



jeudi 5 février 2015

Café Psychomot' Mardi 24 février 2015 19h45



Pour poursuivre nos cafés psychomot, Le 24 février prochain, Cécile Mottet nous rassemblera autour d’elle pour discuter de «traumatisme, sidération et narration ». A partir d’une expérience clinique longue et en appui sur différents textes, Cécile nous parlera de comment le travail d’écriture peut devenir une narration qui réinscrit de la temporalité dans les séances …
Elle s’appuiera notamment sur des textes de la revue Champ psychosomatique (médecine psychanalyse et anthropologie) de novembre 2003 N°30, Le temps de corps, Ed l’esprit du temps.
Articles de :
- Denis MELLIER « L’intégration psyché-soma et le temps de l’intrigue, ce que nous apprennent les bébé
- Marie-Claire CELERIER « Le sens du temps »
Et d’autres auteurs comme Hélène Oppenheim-Gluckman « La pensée naufragée », Henri Bergson « Essai sur les données immédiates de la conscience » et Jean GUILLAUMIN « Naissances latentes, la suspension de l’action et la genèse du temps humain » un article de la revue Freudienne N° 86, 2004, L’Acte et le Temps.
 
 
Réservé aux psychomotriciens diplômés
Entrée: 5 € + consommation d'une boisson à régler sur place
Pré-inscription par mail au plus tard avant le 17 février 2015. arrcplyon@gmail.com
Nous vous enverrons un mail de confirmation.
Lieu : Mondrian Café, 1 quai Claude Bernard, 69007 LYON