L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vise à promouvoir la recherche clinique en psychomotricité par divers moyens notamment : l’organisation de séminaires, colloques, groupes de réflexion. Soutenir des projets individuels ou collectifs de recherche sur la clinique psychomotrice, favoriser et/ou rechercher la collaboration avec des structures à même d’apporter une contribution directe ou indirecte au but poursuivi par l’association et tout particulièrement avec l’Institut de Formation en Psychomotricité de Lyon.
Elle s’adresse à tout psychomotricien désireux d’engager un travail d’approfondissement théorico-clinique, quel que soit son champ d’exercice professionnel ou son référentiel théorique et clinique.
Susciter les échanges, favoriser le débat entre psychomotriciens, soutenir la réflexion et la recherche à propos de la pratique, telles sont les ambitions de l’ARRCP Lyon et région. Dans cet objectif, l’association mise sur l’engagement de ses membres dans une démarche qui consiste à se confronter aux difficultés et aux doutes rencontrés dans la clinique, à approfondir ses intuitions cliniques, à les arrimer à des concepts théoriques, à transmettre et discuter les résultats de ses travaux.

samedi 26 mars 2011

Quelques mots du Café-Psychomot du 15 mars 2011


C'est dans un « Mondrian » fraîchement repeint que Natacha Vignon nous a présenté le texte de Claire Bertin intitulé « Réflexions autour d'une expérience de co-thérapie, articulation entre « Je » et « Nous », publié dans Thérapie Psychomotrice et recherche n°156, pp.58-71. Au passage, dommage que le sèche-main des toilettes soit si bruyant !
Natacha nous résume cet article en y ajoutant sa note toute personnelle, et notamment des images qui lui sont venues en le lisant : « C'est comme une scène de théâtre ».  L'espace y est défini. Le temps rythmé par les levers de rideaux...ce temps si attaqué par les patients anorexiques. Vanessa affiche son attrait pour la mort, tandis que Mélina dit cette impossibilité première à se « décoller » de sa mère... surtout ne pas grandir. En tout cas, pour l'une comme pour l'autre, quelle difficulté à s'identifier dans la féminité.
Sur le devant de la scène il y a les deux co-thérapeutes qui nous disent comment leurs vécus différents liés à leur place différente, l'une, la plus jeune portant le groupe par ses propositions de médiation, l'autre, plus mûre et plus en recul restant plus observatrice et servant parfois de moi-auxilliaire étayant les patientes dans les moments trop difficiles.
Sur la scène se distinguent Vanessa et Mélina et comment leur rencontre avec les deux thérapeutes s'organisent autour de mouvements transférentiels, contre-transférentiels, inter-transférentiels, intergénérationnels. La réflexion clinique de cet article est aiguisée. Et Natacha dit la qualité de leur démarche clinique étayée non seulement par une supervision, mais reconnue et portée aussi par l'institution. Une introduction déjà à notre prochain café-psychomot...nous en reparlerons plus tard.
Mais sur la scène s'effacent aussi les deux autres patientes, et avec elles la perception du groupe. Un constat qui nous laisse discuter sur ces allers-retours toujours délicats de l'individuel au groupal et réciproquement. Cette discussion dépasse le texte du jour et nous touche beaucoup, dans la variété de nos cliniques. Magali Bruchon-Chatagnat évoque la prise de notes. Comment rédiger la narration d'une séance groupale : écrit-on sur le groupe ou sur chacun des patients. Bien souvent les deux écrits semblent nécessaires. Mais a-t-on le temps de le faire, quand on sait que pour certaines institutions, « faire du groupe » a un objectif financièrement rentable et s'impose au psychomotricien sans qu'il ait le temps nécessaire à penser ce groupe avant, pendant et après les séances.
A propos de « faire du groupe », Gaëtan  nous rapportait une discussion qu'il avait eu avec des psychanalystes réunis autour du groupe, ou peut-être tout simplement un groupe de psychanalystes, qui disaient : « Nous psychanalystes, nous pensons beaucoup au groupe sans en faire ». Et Gaëtan de leur dire : « Nous, psychomotriciens, nous en faisons beaucoup ! », revendiquant notre besoin de les penser.
Tiens, d'ailleurs : ça donne à penser à Pascale Olivier « Je vous recommande le livre : « Enfants terribles, enfants féroces » de Marie-Blanche Lacroix et Maguy Monmayrant qui sollicitent de nombreux co-auteurs. « Eux ont trempés dans le groupe. » Une idée de partage pour octobre 2011 qui va nous mettre au travail accompagnés de Pascale.
Une autre réaction amenée par Roland Obeji. : «  Où est la dimension de la sexualité dans le texte de Claire Bertin ? » Travaillant moi-même auprès de patients anorexiques, je dis comment cela me semble révéler leur clinique emprunte de l'absence du sexuel, ces patients s'en défendant avec une énergie redoutable. De là émerge le fait qu'un représentant de chaque sexe dans les co-thérapies peut être une richesse, même si cette réalité ne fait qu'ouvrir plus facilement la réflexion sur les mouvements d'identification sexuée qui sont aussi présents dans les co-thérapies homosexuelles, du fait des positions masculine et féminine, maternelle et paternelle qui nous habitent tous dans notre corps d'homme ou de femme.
Denis Mortamet nous parle du cadre du groupe défini par son objectif de soin. Du jeu au psychodrame, nous n'osons pas jouer de la même manière. Pour lui la question de la sexualité ne se travaille pas de la même façon selon le dispositif thérapeutique retenu. Pour autant, le sexuel reste actif dans tous les cas. Pascale nous dit comment en séance, il est important de ponctuer le jeu : « Alors là, on pourrait imaginer que... »
  
Normalement, le prochain café-psychomot se déroulera le 24 mai 2011, au Mondrian. Le thème sera celui des intrications des différents niveaux de notre cadre de travail. Nous avons pensé à des articles de Didier Houzel, mais aussi au dernier livre de Catherine Potel « être psychomotricien. Un métier du présent, un métier d'avenir » qui traite particulièrement de ce sujet dans l'un de ses chapitres. Mais il y a aussi bien sûr Kaës... Si vous avez envie de vous mouiller, nous plongeons avec vous ! Contactez-nous alors par mail avant le 7 avril.

Consciente d'avoir eu un regard et une écoute particulière du fait cette clinique de l'anorexie qui me touche de près, mais aussi de mon amitié pour Claire Bertin, telle est ma griffe !
Odile Gaucher-Hamoudi