L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vise à promouvoir la recherche clinique en psychomotricité par divers moyens notamment : l’organisation de séminaires, colloques, groupes de réflexion. Soutenir des projets individuels ou collectifs de recherche sur la clinique psychomotrice, favoriser et/ou rechercher la collaboration avec des structures à même d’apporter une contribution directe ou indirecte au but poursuivi par l’association et tout particulièrement avec l’Institut de Formation en Psychomotricité de Lyon.
Elle s’adresse à tout psychomotricien désireux d’engager un travail d’approfondissement théorico-clinique, quel que soit son champ d’exercice professionnel ou son référentiel théorique et clinique.
Susciter les échanges, favoriser le débat entre psychomotriciens, soutenir la réflexion et la recherche à propos de la pratique, telles sont les ambitions de l’ARRCP Lyon et région. Dans cet objectif, l’association mise sur l’engagement de ses membres dans une démarche qui consiste à se confronter aux difficultés et aux doutes rencontrés dans la clinique, à approfondir ses intuitions cliniques, à les arrimer à des concepts théoriques, à transmettre et discuter les résultats de ses travaux.

mardi 18 novembre 2014

La 6ème Journée d'Etude en psychomotricité


L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région organise:

le samedi 31 Janvier 2015

sa 6ème journée d'étude en psychomotricité sur le thème

Le corps du psychomotricien : une médiation ?


Cliquez sur la plaquette ci-dessous pour avoir le détail du programme de la journée.




Pour toutes inscriptions, vous pouvez télécharger la plaquette en format pdf en cliquant sur le lien ci-dessous, et nous renvoyer le bulletin d'inscription à l'adresse de l'ARRCP avant le 10 janvier 2015.

Un aperçu du Café Psychomot' du mardi 4 novembre 2014

La temporalité en psychomotricité.
Café psychomot’ du 4 novembre 2014 animé par Natacha Vignon et Odile Gaucher

La météo du jour et les inondations rhônalpines ont un peu bousculé la temporalité de nos rencontres…  En préparant notre café-psychomot, nous avions omis l’incidence du temps météorologique !
Certains d’entre vous n’ont pu rejoindre le Mondrian. A défaut, vous trouverez ce compte-rendu. Nous étions 17 rassemblés dans l’atmosphère chaleureuse du Mondrian et du groupe.

Natacha a proposé notre introduction à deux voix en solo. Et en inversant nos présentations, nous avons pu réfléchir tout autant sur le temps de la sidération et la crainte de l’effondrement dans le contexte du déménagement « temporaire » de l’institution dans laquelle travaille actuellement Natacha que sur le déroulé temporel de notre travail de psychomotricien à partir de différentes expériences professionnelles d’Odile.
  
Introduction commune.
 Le temps c’est la vie. Du passé à l’avenir, l’histoire se déroule… Et que raconte celle du psychomotricien ? A quel rythme travaille-t-il ? Sa cadence peut être régulière mais aussi chaotique en d’autres périodes.

Depuis la nuit des temps, le temps est pensé, étudié, illustré, représenté par les mathématiciens, les philosophes, les peintres  (les tableaux du Caravage), dans la mythologie grecque.
Dans la mythologie alexandrine et romaine, Chronos est le père des Heures, personnification des douze heures du jour ou de la nuit.
Dans sa représentation moderne, qui n'existe pas dans la mythologie classique, c'est un vieil homme doté avec des ailes noires, armé d'une faux et d'un sablier.
Sur des mosaïques romaines (mosaïque du zodiaque) on trouve Aion qui personnifie l'Eternité.
Dans la littérature : « A la recherche du temps perdu », « La vie devant soi »…
Et dans la chanson : on ne peut qu'avoir en tête des mélodies comme « Yesterday, » « Avec le temps », « La valse à mille temps »…

Enthousiasmé par le jeu des rencontres le psychomotricien est  le plus souvent dynamique.  Mais tout de même, la temporalité des soins psychomoteurs ne dépend pas que de lui. Il y a tout d’abord le patient qui en décide aussi. Et l’institution impose ses propres rythmes.
Comment le psychomotricien tente-t-il de s’accorder au mieux avec ces injonctions tout en préservant la qualité temporelle du déroulement des thérapies, du tout premier accueil jusqu’à la fin du soin ? Comment le processus thérapeutique avance-t-il en séances, mais aussi durant l’échéance qui les sépare ?
En cliniciennes que nous sommes, c’est en partant de nos expériences professionnelles que l’une, puis l’autre, allons préciser notre présentation. Après ce moment fusionnel à deux voix, voici celui de la différenciation… Eloignons nous un peu pour mieux nous compléter l’une l’autre !

Natacha :
 Je vais vous parler d'un temps : le temps de la sidération.
Je remarque immédiatement le paradoxe dans mon titre.
Un paradoxe contenant peut-être quelque chose  d'un hors temps,  mesurable seulement comme un temps objectif au sens où l'entend le philosophe Henri Bergson.

Bergson oppose le temps objectif à la durée (ou temps subjectif). Le temps objectif correspond à la vision scientifique du temps. C'est le temps mesuré par l'horloge, celui qu'on divise en heures, minutes et secondes.
Mais Bergson reproche à la science de manquer l'essence du temps. Croyant mesurer le temps, le scientifique mesure en réalité de l'espace (l'espace parcouru par exemple par l'aiguille de l'horloge ou par le sable dans le sablier) et, du reste, spatialise le temps, comme le montre cette habitude de représenter le temps par une droite c'est à dire par un espace. Le scientifique manque l'essentiel, ignore la réalité du temps.  Cf. Henri Bergson, La pensée et le Mouvant, Editions Puf Quadrige, Paris, 2008, p. 3 : « La ligne qu’on mesure est immobile, le temps est mobilité. La ligne est du tout fait. Le temps est ce qui se fait, et même ce qui fait que tout se fait. »
Dans «  La Pensée et le mouvant, » en résumant tout son parcours de pensée Bergson écrit  « Mais cette durée, que la science élimine, qu'il est difficile de concevoir et d'exprimer, on la sent et on la vit. Si nous cherchions ce qu'elle est ? Comment apparaîtrait elle à une conscience qui ne voudrait que la voir sans la mesurer, qui la saisirait alors sans l'arrêter, qui se prendrait enfin elle-même pour objet, et qui, spectatrice et actrice, spontanée et réfléchie, rapprocherait jusqu'à les faire coïncider ensemble l'attention qui se fixe et le temps qui fuit ? »
Le temps réel est la durée, dimension de la conscience. Le temps subjectif est le temps vécu, celui qui fait paraître certaines heures plus longues et d'autres plus courtes, celui surtout qui se révèle dans l'expérience de l'attente.

Détour par la clinique....
 Je travaille dans une institution accueillant des adultes infirmes moteurs cérébraux et polyhandicapés. Nous avons déménagé il y a trois mois, dans un autre lieu, le temps de la construction d'une nouvelle structure que nous devrions rejoindre dans 2 ans.
Autant dire une transition de longue durée.
Ce déménagement pourtant prévu, vient à mon sens sidérer et figer le temps.
C'est comme si tout était bloqué, comme s'il n'était plus possible de rêver, comme si le temps était suspendu. Et le vécu ne s'imprime plus en soi, l'expérience d'être là ne paraît pouvoir s'inscrire dans une temporalité.
46 résidents et beaucoup de professionnels sont donc à vivre, subir ensemble ce déménagement et la sidération est là.
Cela me fait penser à celle qui peut naître dans la rencontre avec le handicap lourd. L'impensable, l'irreprésentable, l'innommable ne peut être vécu, venant attaquer toute possibilité d'inscription dans un devenir, et la rêverie sur et avec l'autre.
Les parents d'enfants handicapés ont souvent bien eu à faire avec cela et ils en témoignent avec une hypermnésie redoutable, quand le médecin leur a annoncé que leur enfant avait un problème. La mémoire souvenir dont parle aussi Bergson semble coupée d'une autre mémoire celle de l'habitude (celle de l'action).
On pourrait aussi rapprocher cela de  la question du traumatisme psychique. Simone Korffe-Sausse et plus près de nous Gaëtan Munoz, s'attachent à nous montrer combien il n'est alors plus possible de se projeter dans un devenir, dans un temps à vivre, à rêver et dans le « un jour tu seras grand ».

Dans le nouvel établissement, je me souviens y travailler deux jours par semaine.
Les journées passent étrangement, je n'y ai pas d'espace pour recevoir mes patients. Les suivis individuels et groupaux sont donc interrompus depuis 3 mois.
Le temps me paraît insaisissable, je ne sais même jamais quelle heure il est. Le bruit des assiettes sur les tables d'une salle à manger me rappellent qu'il doit être midi bientôt. Je n'arrive pas à écrire. Je ne sais pas où sont mes patients, où est leur chambre, leur groupe.
Je me mets à penser la réactivation de cette sidération des premiers moments et peut-être aussi tout au fond la crainte de l'effondrement décrite par D.W.Winnicott.
L’exploration du traumatisme entraîne Winnicott à parler de déprivation pour qualifier ce « rien ne s’est produit », dont la manifestation sera un sentiment « d’effondrement dans l’aire de la confiance, qui retentit sur l’organisation du moi »
À la perte de confiance qui en résulte répond la perte d’espoir « dans les possibilités à venir de la poursuite de l’intégration psychique ». Le désespoir, un sentiment d’insécurité profonde, la crainte permanente d’un effondrement, de la folie, de la mort sont le terreau d’une rancune, d’une envie stérilisantes. L’envie et le traumatisme originel plongeraient ainsi leurs racines communes dans l’ « être », dans les failles de son devenir.
La crainte de l’effondrement, projetée dans le futur, serait l’écho d’un « effondrement de l’institution du self unitaire » vécu-éprouvé dans le passé. Ce breakdown, marquant de son traçage négativant la chair vive du tissu psychique, aurait laissé un vide, une lacune, dont l’activation serait à la source d’angoisses disséquantes primitives et impensables. Au creux de l’être en proie à une crainte de l’effondrement, résiderait un non-being, trace blanche, lacunaire d’une « mémoire amnésique » (André Green) d’un « quelque chose (qui) aurait pu être bénéfique (et où) rien ne s’est produit ».


 Je me rends bien compte que je n'inscris plus de rdv dans mon agenda et que péniblement j'essaie de faire l'effort de penser quels résidents je recevais et quand, avant.

J'essaie quand même d'aller à la rencontre de mes patients … dans les couloirs, dans la chambre, dehors. J'entends Jérôme, jeune patient aux traits autistiques répéter sans cesse « où elle est la chambre » et s’agripper à mon bras et me tirer jusqu'à celle-ci.
Je me dis alors qu'il l'a repéré, mais qu'il ne semble pas comprendre ce qu'il fait là.
Emmelyne , elle, plus directement, demande tous les jours et plusieurs fois par jours quand est ce qu'elle retourne à l'autre foyer. Elle semble s'être trouvé un endroit pour dormir et laisser passer le temps. C'est en tout cas ce que je me dis quand je la vois près du radiateur où elle passe la majeure partie de la journée. Dans l'autre foyer justement elle dormait aussi beaucoup, diminuée dans son corps, par une maladie neuro-dégénérative atteignant son tonus musculaire, mais elle coiffait ses poupées à qui elle racontait des histoires. Emmelyne demande là que ses poupées soient rangées au même endroit dans sa chambre, assisses sur un fauteuil manuel, les unes contre et sur les autres et elles ne doivent pas bouger d'un millimètre. Mes collègues me disent à quel point c'est obsessionnel.

Véronique, que je suis depuis plusieurs années, quand je la croise et lui dit que nous réfléchissons à comment reprendre les soins en psychomotricité me répond par un « on verra si on se revoit » et détourne son regard du mien. Me ferait-elle sentir quelque chose de son vécu d'abandon ou de lâchage ?

Je pense aussi à Sandra et à Nathanaël, avec qui nous avions fabriqué de la transitionnalité si j'ose m'exprimer ainsi.
Avec tous deux, il a été question d'un objet à créer, à emporter lors du déménagement.
Je me dis en pensant à ces deux patients , qui ont avec persévérance, insisté pour qu'un espace de soin puisse se recréer pour eux, combien la temporalité en a pris un coup et surtout combien il m'était impossible de reprendre le cours du soin et mes notes dans lesquelles j'aurais pu facilement retrouver la trace de ces objets.
Je ne m'en souvenais plus...
Pour Sandra il s'agit d'un dessin que nous avons réalisé lors des dernières séances dans l'ancien établissement. Un dessin représentant la salle et inscrit de nos prénoms.
Pour Nathanaël, il s'agit d'un balle à demi-transparente, en plastique dur contenant un ballon de baudruche qui avait explosé lors d'une séance il y a bien longtemps et que j'avais gardé dans ce contenant.
  
Qu'est donc devenue cette aire transitionnelle ?
 Je pense alors à la symbiose primaire, celle qui permet l'accordage des rythmes et qui progressivement dans le jeu de la transitionnalité et de la co-création se dépasse. Face à ses enfants, devenus adultes, elle n'a pu tenir très longtemps tellement l'altérité s'est imposée de manière trop marquée.
Ici c'est comme si le handicap était à nouveau propulsé sur le devant de la scène, que l’exiguïté des couloirs, des chambres, les longues attentes devant l'unique ascenseur, les passages ratés des résidents en croisant d'autres, le rapprochement, replongeaient dans les abîmes du corps et ses entraves et faisait revivre aussi les liens comme source d'insécurité et d'angoisse.
L'institution aurait-elle été prise, à son insu, dans un débordement de ses fonctions contenantes et sidérée dans ses fonctions d'élaboration ?
Serions-nous alors dans le risque que décrit Albert Ciccone d'une symbiose secondaire, toxique et bien souvent mortifère ?
Cette structure d'accueil temporaire trop étriqué, trop ramassé, manquant cruellement d'espace entre deux, ressemblerait à un retour dans le magma primitif et l'indifférenciation, comme une naissance à refaire ?
Moi-même, aurais-je été comme les parents, aliénés par des vécus irreprésentables, face à l'impossible du temps réel, à l'impossible illusion créatrice ?...
  
Alors , je pense à un autre résident, plus discret, le chat de l'institution. Il cherche sa place, n'est plus propre, semble fortement perturbé par ce déménagement. Et sans faire de la grande psychologie de chat, il est connu que ces animaux ont besoin de repères stables et fixes. Ça me rappelle le thème de nos cafés psychomot l'année dernière sur la créativité et la médiation en psychomotricité. Quelle drôle de médiateur que Frimousse , qui me permet de me souvenir de son âge, de son arrivée dans l'autre établissement, de ses différentes « adoptions » par des résidents...
Sa maladie, sa vulnérabilité est actuelle, il vient d'être opéré et sa vie est bien menacé. J'ai envie de penser qu'il va survivre de cette expérience traumatisante, qu'il sera le porte-voix d'une expérience de dépassement et d'élaboration d'un fameux déménagement. (un de mes chers collègues m'aidant à élaborer, m’a, dans un élan très lacanien fait remarquer le signifiant du mot dé/ménagement, privé de ménagement...).
 

Odile :
 Je m’étonne déjà de la grande variété des durées des prises en charge que j’ai pu vivre :
·                    Les plus courtes, chez les prématurés, mais aussi en soins palliatifs… C’est toujours dans la surprise qu’un prématuré naît trop tôt, et même si la mort est attendue en service de soins palliatifs, elle nous surprend toujours.
Et si ces deux expériences semblent être aux opposés, qu’est-ce qu’elles se ressemblent. Tout d’abord par l’intensité émotionnelle des rencontresEst-ce que ce p’tit bout de 600g va pouvoir survivre ?... Et dire que ce patient que j’apaise par mes massages relaxants va mourir bientôt ; il est pourtant là bien vivant dans ce peau à peau… Cette intensité émotionnelle oblige les équipes à des temps de parole indispensables : relèves, synthèse, supervision pluridisciplinaire, plus tous les temps informels de partage.
Une autre similitude dans ces deux cliniques est la place primordiale laissée à la famille. Rencontrer le prématuré dans les bras d’un de ses parents, c’est la condition indispensable à la facilitation d’un meilleur attachement. Rares ont été mes propositions de stimulation psychomotrice en étant seule avec le jeune bébé. Celles-ci avaient alors pour but de soutenir l’équipe de puéricultrices dans leur présence auprès du bébé, dans le cas où les parents étaient trop peu présents (état de santé grave de la mère…)
En soins palliatifs, l’ensemble des soins médicaux, infirmiers ou psychomoteurs se déroulent toujours en présence des proches, si le patient le souhaite. Ça peut être une réelle demande de sa part, ou bien au contraire, le patient peut choisir de profiter de chacune des présences familiales et soignantes à tour de rôle, comme dans un relais de présence auprès de lui.
Du fait de la courte durée de prise en charge (d’une semaine à six mois), les séances sont fréquentes (3 à 5/semaines), chez les prématurés comme en USP. Le psychomotricien est donc convoqué dans une grande adaptabilité… Comment choisir les moments des séances afin non seulement qu’ils répondent le mieux possible au patient et leur famille, mais aussi que ces séances puissent s’interposer entre les séances des autres patients… Agenda indispensable au quotidien pour s’y retrouver !!
La fréquence rapprochée des séances correspond non seulement à l’état de présence très évolutif du patient prématuré ou adulte en fin de vie (état de conscience, épisode douloureux…), mais je pense qu’elle permet dans la répétition des rencontres de créer un rythme redondant, rassurant… Daniel Marcelli nous parlerait de macro-rythme.
·                    Des durées de prise en charge variables en gériatrie hospitalière, en fonction du projet d’hospitalisation. Le court séjour correspond à des temps de médecine interne (de 15 jours à deux mois), le SSR, Soin de Suite et de Réadaptation, autrefois appelé « moyen séjour », a pour projet entre autre la rééducation (ex : rééducation à la marche après fracture du col du fémur), et le long séjour un accueil médicalisé du patient physiquement et/ou psychiquement dépendant.
·                    Des durées tout aussi variables pour les ados et jeunes adultes souffrant de troubles des conduites alimentaires : de 3 semaines, le temps pour un patient boulimique de vivre un sevrage qui vient interrompre l’avalanche des crises devenues incontrôlables, jusqu’à 10 ans de thérapie pour que Anna, une patiente anorexique accède enfin au plaisir de vivre sa vie adulte.

Le rythme des prise en charge est très variable, fonction du dispositif de soin : hospitalisation complète, hospitalisation de jour, ambulatoire, quel que soit l’âge et la pathologie du patient.

L’horaire des séances doit être parfois souple quand cela répond à la disponibilité du patient (fatigabilité en soin palliatif, mais aussi dans l’anorexie grave, besoins physiologiques du patient au risque d’être caricatural : sommeil du bébé, repas en unité des troubles des conduites alimentaires, sieste de la personne âgée…), ou doit être dans d’autres circonstances fixes (prise en charge des ados pour éviter le vécu d’abandon lié à l’attente de la séance, mais aussi en gériatrie pour instaurer une rythmicité des soins sur laquelle les repères temporels du  patient parfois floutés par le vieillissement peuvent s’étayer…)

La durée des séances est à ajuster à la disponibilité des patients :
·                    20 mn à ½ heure, ça peut être déjà beaucoup pour un bébé, un être âgé ou une personne fatiguée physiquement par la maladie.
·                    En dehors de ces cas de figure, la durée idéale des séances individuelles semble être de trois quart d’heure : le temps de s’installer pleinement dans une médiation, de la vivre et d’échanger sur nos ressentis, le temps d’une rencontre enrichie ou le temps de l’ennui… Pour cela, un seul conseil, psychomotriciens, gardez l’œil sur votre montre !
Quand la durée de la séance est fixée d’avance, l’envie de la terminer plus tôt, mais aussi le retard de fin de séance peuvent être signifiant. C’est par exemple la difficulté à se séparer de la patiente boulimique, ou « l’envie d’en finir » de la personne âgée.
La durée de la séance vient soutenir notre cadre interne, pour appuyer le projet de soin co-créé avec le patient tant que faire se peut. Les retards de début de séances, leurs fins avortées ou leur dépassement marquent tout autant la compliance, la mise au travail, que les attaques du cadre que le patient agit sur nous ou avec nous. Mais il nous faut être assez rigoureux avec notre propre temporalité, afin de ne pas attribuer au patient des manquements liés à nos propres défaillances… car il est bien clair que nous en avons !

Le temps de la prise en charge groupale : une vigilance toute particulière. Prendre le temps de penser les groupes alors que les institutions nous demandent de plus en plus de faire des groupes.
Toute la difficulté du groupe réside à penser tout autant le dispositif groupal qui pourrait enrichir le soin de nos patients que repérer pour chacun d’eux en quoi ce groupe lui serait intéressant. Cela revient à croiser projet de groupe et projet de soin individuel, ce qui n’est pas une mince affaire et demande non seulement du temps, mais aussi beaucoup d’énergie et de vigilance.
Si une thérapie psychomotrice individuelle peut se mettre en place assez rapidement et simplement dans les suites d’une première rencontre argumentée par notre observation psychomotrice étayée ou non d’un bilan, le groupe thérapeutique, lui prend corps progressivement en pensant encore le dispositif (Faut-il l’adapter au vu des patients qui le constituent ?) à la croisée de la clinique de chaque patient susceptible d’y participer. 

Le temps entre les séances permet au processus thérapeutique d’évoluer :
·                    Pour le patient, et cela nous échappe…
·                    Pour nous, à notre insu, ou bien de façon toute à fait recherchée au travers de synthèses cliniques, supervisions, écritures, guidance de stage… et les temps de réflexion de l’ARRCP !

L’écriture, un temps personnel de travail tellement aidant…qui pourrait à lui seul faire l’objet d’un café-psychomot !
J’insisterai bien volontiers sur le temps de l’écriture du psychomotricien. Au-delà de nos notes de séances, écrire, c’est structurer un récit qui soit compréhensible par le lecteur potentiel, mais c’est au moins autant reconstruire la trame temporelle de nos rencontres, y retrouver le sens de notre projet thérapeutique et comment celui-ci évolue dans cette histoire de rencontre. Il s’agit finalement de narrer des histoires de soin de leur début à leur fin, nous projetant bien sûr bien au-delà, c’est-à-dire remontant avec la première rencontre sur l’histoire de vie du patient depuis sa naissance, voire même avant, dans l’attente parentale, mais imaginant aussi la fin du soin comme son cheminement plus autonome dans son avenir sans nous, avec tout au plus le possible souvenir encore porteur de nos séances.
 ….

Et le temps de débattre résumé ici en quelques mots :
 Merci à Alexandra, Aran, Christine, Iris, Mathieu, Anouk, Mélanie, Pascale, Stéphanie, et Véronique, et peut-être d’autres encore d’avoir nourri notre réflexion.
Parmi nos échanges, comment être là en restant présent à nos patients pour vivre ensemble l’expérience traumatique du chaos institutionnel : transformer le temps de la sidération en temps de traversée du chaos, nous dit Pascale.
Mais aussi l’importance de considérer le temps dans son lien étroit à l’espace, à partir de l’expérience de Natacha, mais aussi celle d’Alexandra qui nous explique comment ,créer un groupe en gériatrie dans un lieu passant, l’obligeait à cadrer beaucoup les séances alors que dans un lieu de soin mieux défini et fermé, protégé, lui permettait de se sentir beaucoup plus libre dans ses propositions. Cela fait référence à notre propre cadre interne et à comment il peut parfois être protégé, et parfois mis à mal par l’institution.
Mélanie reprend la référence à Marcelli dans la ritualisation qu’elle instaure souvent dans sa façon de travailler (accueil-retrouvailles, propositions de travail corporel et fin de séance). Cette ritualisation fait contenance, comme les macro-rythmes définis par Marcelli.
Aran nous dit aussi comment ,travailler à partir du rythme, (avec les percussions corporelles par exemple) étaye le temps de la rencontre dans le dialogue rythmique qui prend corps en s’inscrivant dans l’ici et le maintenant de nos séances.
  
Nous terminons ce café-psychomot réchauffés par nos échanges, en annonçant le prochain : ce sera le mardi 24 février 2015. Cécile Mottet nous présentera comment le temps de l’écriture soutient son travail, à partir d'une expérience clinique longue et dans laquelle le traumatisme et la sidération ont été très opérents.

Mais avant, nous pourrons nous réunir le 31 janvier 2015 lors de notre Journée d’étude. Pour plus d’informations, veuillez surfer sur le blog.

Appel à Manifestation pour la défense de la psychomotricité 5 décembre 2014


Chers Collègues
 Face à l’immobilisme du gouvernement depuis 3 ans sur la réingénierie de leur formation,
LE CEDIFP, la FFP, l’AFPL, L’AFEPP, l’ANEP, le SNUP, l’UNSA et FO 
appellent les psychomotriciens à manifester
 Le 5 Décembre après-midi à Paris


Pour que la formation initiale des psychomotriciens soit portée à 5 années d’études 
assortie de l’obtention du grade Master
Pour une totale reconnaissance de la profession, de sa compétence et de son rôle primordial dans le service apporté à la population, que ce soit dans les domaines de l’éducation à la santé, la prévention et le soin ;
Pour une prise en considération de l’effort de développement de la recherche en psychomotricité indispensable au maintien d’un service de soin de qualité pour les français.


Départ : 14h30 devant le MINISTERE de l'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR et de la RECHERCHE 
                         1 rue Descartes, Paris 5ème
                         station Maubert-Mutualité (ligne 10) ou Jussieu (ligne 7 ou 10)

Arrivée : entre 16h00 et 17h00 devant le MINISTERE de la SANTE.
                         14 Avenue Duquesne, 75007 Paris, 
                          stations  Ecole militaire (ligne 8), St François Xavier (ligne 13) 
                                          ou Ségur (ligne 10) 

A cette occasion, le collectif a informé les ministères concernés et a demandé officiellement à être reçu par chacun d’eux à cette occasion.
Par ailleurs, vous trouverez en pièce jointe le communiqué de presse rédigé par le collectif

et sur le lien suivant :


Par ce que :
    notre profession sait s'unir pour avancer, 
    chaque présence compte,
    votre implication est indispensable à l'évolution
    la sauvegarde de notre profession dépend de notre action à tous

Nous vous attendons nombreux le 5 décembre!

Le Président,
Alexandre PROUTEAU

Le Vice-Président
Marc CHAMPION
Site de l'association:   http://www.a-f-p-l.fr


Pour télécharger le préavis de grève cliquez sur ce lien :

Pour télécharger le communiqué unitaire: 



Pour soutenir le mouvement, une pétition a été créée, il suffit de suivre le lien pour la signer :




Le communiqué unitaire