L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vise à promouvoir la recherche clinique en psychomotricité par divers moyens notamment : l’organisation de séminaires, colloques, groupes de réflexion. Soutenir des projets individuels ou collectifs de recherche sur la clinique psychomotrice, favoriser et/ou rechercher la collaboration avec des structures à même d’apporter une contribution directe ou indirecte au but poursuivi par l’association et tout particulièrement avec l’Institut de Formation en Psychomotricité de Lyon.
Elle s’adresse à tout psychomotricien désireux d’engager un travail d’approfondissement théorico-clinique, quel que soit son champ d’exercice professionnel ou son référentiel théorique et clinique.
Susciter les échanges, favoriser le débat entre psychomotriciens, soutenir la réflexion et la recherche à propos de la pratique, telles sont les ambitions de l’ARRCP Lyon et région. Dans cet objectif, l’association mise sur l’engagement de ses membres dans une démarche qui consiste à se confronter aux difficultés et aux doutes rencontrés dans la clinique, à approfondir ses intuitions cliniques, à les arrimer à des concepts théoriques, à transmettre et discuter les résultats de ses travaux.

mercredi 5 juin 2013

Quelques mots du café-psychomot’ du 28 mai 2013

 
Hier nous étions douze psychomotriciens réunis au Mondrian autour du thème : « Le cadre et l’institution », continuant ainsi à réfléchir sur la question du tiers dans notre travail de psychomotriciens, fil conducteur de nos rencontres de la saison.
 
Pour aborder ce sujet, Natacha Vignon et moi-même avions proposé la lecture d’un texte de Paul Fustier « Cadre et Institution », in « les corridors du quotidiens », et un autre de José Bleger « Le groupe comme institution et le groupe dans les institutions », in « L’institution et les institutions », collectif sous la direction de Kaës. Ces références théoriques étant ardues, c’est avec l'aide d’un questionnaire auquel chaque participant a répondu que nous avons introduit notre réunion. Ainsi il ne restait qu’à faire des liens entre les données évoquées et les auteurs… seulement cela : nous remercions au passage Natacha pour ses numéros de haute voltige !
 
 Le questionnaire :
·                    Dans quel type d’institution travaillez-vous ?
·                    Comment l’institution favorise-t-elle votre travail clinique ?
·                    En quoi le freine-t-elle ?
·                    Participez-vous à des réunions institutionnelles dans votre établissement ?
·                    Quels autres étayages avez-vous mis en place pour réfléchir le lien clinico-institutionnel ?
·                    Comment définiriez-vous votre place dans l’institution ? En quoi voudriez-vous la voir évoluer ?
 
 Nous pensions réaliser un tour de table afin que chacun se présente dans la place institutionnelle qui est la sienne. Douce illusion : trois seules présentations ont été faites, faute de temps. Mais tous les psychomotriciens présents ont participé au débat décidément de plus en plus dense et ouvert à l’ensemble du groupe de réflexion… ambiance café-psychomot’ oblige !
 
Aran prend la première la parole pour exprimer sa place au sein d’un Centre d’Education Motrice accueillant des adolescents et jeunes adultes atteints de difficultés motrices, mais aussi de troubles de l’image du corps et bien souvent de troubles psychiatriques associés.
 
Aran présente toute la richesse de l’institution, tant dans son équipe bien dotée que dans les locaux et le matériel mis à disposition. Dans cette institution, la psychomotricité a bien sa place, une place originellement élaborée par notre regrettée Mademoiselle Fauvel qui a laissé son piano comme la trace du début de l’histoire de la psychomotricité en ce lieu née il y a une cinquantaine d’année.
Malgré l’assise de la psychomotricité et l’éventail des locaux réservés à chaque professionnel, il n’est pas rare qu’Aran soit intrusée par certains de ses collègues durant ses séances. On peut comprendre l’effraction réalisée par l’entrée inopinée d’un collègue durant une séance de relaxation… Avec la répétition du phénomène, l’institution a trouvé d’elle-même une solution toute aussi indispensable que basale : « on ne dérange pas un thérapeute qui a fermé la porte de son lieu de soin ».
Dans sa réflexion, Aran relie ces intrusions à l’absence d’un psychiatre coordinateur, l’ancien ayant pris sa retraite et n’étant pas à ce jour remplacé. Cet ancien médecin, surnommé « le kangourou » par notre assemblée du jour (veuillez excuser notre liberté associative d’un soir!), accueillait beaucoup les doléances de chacun. Il contenait l’institution. Une fois le kangourou et sa poche partis, l’institution a tenté de trouver accueil auprès d’Aran la plaçant à une fonction qui n’était pas la sienne.
Roussillon (in « L’institution et les institutions ») parle bien de l’espace « débarras », ou « remise » de l’institution. Lorsque celui-ci n’est plus, en l’absence du médecin coordinateur, l’institution doit bien trouver des espaces interstitiels non formels dans lesquels déposer sa souffrance.
 
 Puis c’est moi qui parle de ma place dans une unité spécialisée dans les troubles des conduites alimentaires située dans un service de psychiatrie adulte appartenant à un Centre Hospitalier Universitaire.
La configuration de mon institution est bien différente de celle d’Aran.
L’histoire de la psychomotricité dans le service est beaucoup plus courte, débutant il y a dix ans.
Peu de moyens : des locaux partagés avec d’autres membres de l’équipe, peu de matériel, et surtout peu ou pas de formations acceptées faute de budget. Par contre un soin relié à la formation et à la recherche du fait de l’entité-même du CHU. Donc avec quelques pirouettes, un accès à la supervision, à la formation en donnant moi-même quelques formations pour les budgéter. L’appartenance à deux réseaux TCA, régional et national qui ouvrent ma réflexion à d’autres partenaires du soin à distance de mon institution. L’ARRCP comme espace de réflexion partagée, et l’écriture comme autre moyen pour me distancier de ma clinique pour la penser mieux encore.
Le travail pluridisciplinaire est passionnant, mais pas toujours simple. Si les consultations que j’assure en binôme avec un psychiatre, ainsi que mon rôle au sein de l’équipe en hospitalisation complète sont bien définies et fonctionnent dans une entraide professionnelle certaine et continue, ma place dans l’équipe de l’hôpital de jour est régulièrement mise à mal, avec une difficulté de communication avec l’équipe infirmière qui revient périodiquement, nos positions se rigidifiant, à l’image des patients que nous accueillons.
Natacha nous rappelle les mots de Fustier, je le cite : « Si le dispositif se maintient comme système d’invariants, certaines conditions sont remplies pour que la personne accueillie y dépose des éléments primitifs de sa personnalité. Le « monde fantôme » des membres de l’institution va « doubler », de l’intérieur, les constantes du dispositif… Le dispositif reçoit en dépôt la relation symbiotique mère-enfant, dans la dimension que nous avons, à la suite de Winnicott, qualifiée à partir du système dévotion-illusion. » On peut effectivement vivre alors le clivage infirmières/psychomot’.
Une autre explication qui ne contredit pas pour autant la première serait liée à l’utilisation commune de médiations corporelles. Cela flouterait les limites des rôles infirmiers et psychomoteur qu’il faut alors repréciser sous peine de voir perdurer les attaques envieuses.
Suite à ces deux présentations et à la quantité de travail clinique toujours augmentée, il se peut que les temps formels de réunions clinique et institutionnelle ne suffisent pas. On observe alors que beaucoup de communications se déroulent dans les interstices de l’institution. Roussillon développe cette « pratique interstitielle » qui demande de considérer le cadre avec tact.
 
La troisième présentation est celle de Sandra. Elle est double, travaillant dans un service de psychiatrie adulte d’un hôpital public et dans un CMP /CATTP adultes qui lui est rattaché, mais dépend aussi du pôle psychiatrique, mais aussi en micro-crèche sur d’autres jours.
Jeune professionnelle, depuis moins d’un an, Sandra a été mise en difficulté dès le début de sa création de poste, devant prendre place dans la co-animation de groupes thérapeutiques jusque-là animés par des infirmiers, et sans le savoir.
Nous avons déjà évoqué l’histoire des institutions, mais Roland aborde plus largement l’importance de découvrir la culture de l’institution dans laquelle nous travaillons. Il y a des projets qui peuvent être pensés dans certaines et pas dans d’autres. Enriquez (in « L’institution et les institutions ») nous dit bien comment l’institution est faite de l’intrication de systèmes culturels, de systèmes symboliques et de systèmes imaginaires.
Et pour Sandra, la difficulté de comprendre ces systèmes a été que l’organisation de son institution est faite de l’imbrication de sous-institutions. Découvrir cela demande non seulement de la vigilance, mais aussi du temps !
Dans son travail encore plus récent dans une micro-crèche tout juste crée, l’équipe cherche à se rendre malléable pour accueillir tous les désirs des parents (horaires,…). Comment organiser des groupes d’éveil lorsque certains des bébés n’arrivent pas à l’horaire attendu… L’équipe souhaite que la crèche soit investie comme une institution « dévouée » (Fustier), réagissant comme la jeune mère par rapport à son enfant dans la préoccupation maternelle primaire. On ne peut que souhaiter que cette jeune crèche évolue, comme la mère, vers la création de petits décalages qui permettent peu à peu d’établir des règles de fonctionnement structurant un cadre d’accueil et de travail plus contenant pour tous, petits et grands.
 
Vous l’avez compris, c’est dans la frustration que le rappel horaire nous a séparé : que d’échanges passionnants…
Mais nous nous retrouverons pour une saison 2013-2014 ! Et pour cela vous serez bientôt invités à répondre à un sondage sur notre blog afin de connaître mieux vos souhaits et de continuer à co-créer avec vous nos cafés-psychomot’.
 
Enfin, une dernière info : vous êtes cordialement attendus le 10 juin à 19h30 salle 105  du bâtiment C de la faculté de Grange-Blanche, où se déroulera notre assemblée générale.
 
Et bon été à ceux qui ne pourront être présents !
 
 Pour l’ARRCP,
Odile Gaucher-Hamoudi

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