L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vise à promouvoir la recherche clinique en psychomotricité par divers moyens notamment : l’organisation de séminaires, colloques, groupes de réflexion. Soutenir des projets individuels ou collectifs de recherche sur la clinique psychomotrice, favoriser et/ou rechercher la collaboration avec des structures à même d’apporter une contribution directe ou indirecte au but poursuivi par l’association et tout particulièrement avec l’Institut de Formation en Psychomotricité de Lyon.
Elle s’adresse à tout psychomotricien désireux d’engager un travail d’approfondissement théorico-clinique, quel que soit son champ d’exercice professionnel ou son référentiel théorique et clinique.
Susciter les échanges, favoriser le débat entre psychomotriciens, soutenir la réflexion et la recherche à propos de la pratique, telles sont les ambitions de l’ARRCP Lyon et région. Dans cet objectif, l’association mise sur l’engagement de ses membres dans une démarche qui consiste à se confronter aux difficultés et aux doutes rencontrés dans la clinique, à approfondir ses intuitions cliniques, à les arrimer à des concepts théoriques, à transmettre et discuter les résultats de ses travaux.

lundi 18 novembre 2013

Le Café psychomot' du Mardi 5 Novembre 2013 en "quelques mots"...

Denis Mortamet inaugurait le premier café-psychomot de la saison consacrée au thème de la créativité. Nous étions environ 25 autour de lui, jeunes et moins jeunes, tous animés par la part créative de notre travail de psychomotricien, et accueillis comme d’habitude par Maxime, toujours là pour faciliter nos rencontres…

Modestement, Denis nous annonce qu’il se lance dans un exposé bien classique de son balayage théorique sur le concept de la créativité. Modeste, certes Denis l’est, et en même temps son exposé a été d’une densité toute aussi certaine… de la haute voltige !

Le lancer de Denis invite comme première piste, celle de la psychanalyse (nous pensons au non moins célèbre For-Da, celui-là même, allez, nous nous risquons à cette interprétation, qui nous permet de nous éloigner, nous retrouver...)

·                    Freud dit que l’élan créateur est d’origine sexuel. D’où l’importance de la sublimation pour pallier à l’impuissance. La créativité naîtrait donc de l'insatisfaction et du manque.
·                    Mélanie Klein pense que l’accès à la créativité témoigne de l’entrée dans la phase dépressive.
·                    Pour Winnicott, la créativité est universelle et inhérente au fait de vivre. Elle nait d’une rencontre entre le bébé et sa mère, et cette pensée se différencie de celle de Freud, puisqu’il s’agit non pas dun manque, mais d’un avoir. Le bébé a l’illusion d’omnipotence. La mère est « le miroir de tout son corps ».
L’objet transitionnel est trouvé/créé et il y aurait à laisser l’incertitude au bébé.
Denis souligne l’importance du paradoxe dans la pensée de Winnicott. « Etre seul en présence de l’autre », c’est dire comment pour être seul, il ne faut pas être seul. Et c’est bien parce que ce paradoxe ne se résout pas qu’il nous guide vers des issues créatives émergeant dans le jeu et l’aire transitionnelle.
Le travail du doute et de l’incertitude est fortement à l’œuvre dans la pensée winnicottienne.
·                    Marion Milner théorise dans son travail sur la survie, le concept de médium malléable comme un représentant de la représentation et une figuration du psychisme du thérapeute.  D’où le paradoxe de l’enfant qui répond à « Ce n’est qu’un jeu. » par « Mais je joue pour de vrai ! »
·                    René Roussillon développe l’idée du processus de symbolisation primaire. L’informe, c’est le premier temps de l’appropriation. Il y a transfert sur des objets inanimés, les « objeux » : l’enfant crée des objets pour le jeu.
L’éprouvé de l’informe, c’est l’éprouvé d’une attente de forme, d’une attente de liaison psychique. C’est l’expérience du non intégré à l'intégré.
L’autre devient un objet trouvé/créé. L’enfant trouve chez autrui quelque chose de « lui » et de « pas lui » (homosexualité primaire). « On n’intègre pas que dans le plaisir, mais on intègre pas sans plaisir. » Pour Jacques Hochman : « La mère doit aimer aimer.» La mère doit inventer comment aimer son bébé et prend plaisir à cela. C’est le croisement des auto-érotismes.

La deuxième piste est celle des neurosciences, Denis soulignant l’investissement neuromoteur dans la créativité, mettant en exergue la motricité. La main qui se tend vers l’objet, c’est déjà une intention créative.

Puis Denis nous ramène dans la salle de psychomotricité, ce lieu peuplé d’objets excitants. Quels sont ces objets que nous mettons à dispositions de nos patients ? 
Il nous propose un petit détour par une citation de René  Char, qui, à propos de la peinture de miro nous dit « la main déliée suit l'outil ».
Les objets de nos salles, loin d'être là par hasard, sont autant de d'incertitudes à manipuler, saisir et construire dans la rencontre.
Fabien Joly évoque la question de jouer avec du pulsionnel.
Denis se réfère aussi à Henri Maldiney (phénoménologie) qui parle de « pulsion ludique » où « l'enfant se confie au monde, à l'espace à travers les façons de son corps ».
 Denis nous parle alors d’André, son petit patient, qui veut faire « la pieuvre » ou « le volcan  et ne semble pouvoir utiliser les objets que tout seul, sans qu'il puisse y avoir de rencontre avec Denis, le rendant impuissant.

Cela vient nous interroger sur la réduction de l'espace de soin psychomoteur à la présentation d'objets de jeux et donc la question de la présence du corps dans le travail psychomoteur.
Denis nous rappelle combien cette question en soi, du corps et de la médiation corporelle est complexe  et il  revient à la motricité comme un matériau de la motilité  (capacité de se mouvoir) du sujet.
De la salle de psychomotricité, Denis va nous inviter à naviguer dans d'autres pensées du corps :

« Une rencontre est d’abord motrice  et expérience de l'altérité  (compénétration)» pour Henri Maldiney . La puissance de la forme est de rétablir la rencontre motrice.
La motricité est « messagère » pour Nicole Girardier.
« Une motricité de relation »  pour Fabien Joly.
Denis nous rappelle que la motricité, par ses limites, n'est pas un médium malléable total et cela ouvre les portes de la castration.

Alors quand la motricité fait symptôme (étymologiquement tomber ensemble) comme c'est le cas chez nos patients, ça serait comme dire « ne plus jouer » ?
Le paradoxe réapparaîtrait-il dans le vide de l'irruption du symptôme ? Et alors y aurait-il à supporter et écouter en nous la résonnance de l'attente de l’informe, de l'attente d'une liaison psychique ???

 Y aurait-il alors quelque chose à construire du corps de l'autre en assurant ainsi un fond corporel ?

Les échanges ont été nombreux nous ramenant mieux encore à la clinique, à nos cliniques. Nous avons noté, les réactions de Pascale, Odile, Roland, Cécile, Natacha, Joséphine, Mélanie, Christine, et en ai sûrement oublié d’autres…
Comment faire avec la motricité si inexistante des patients polyhandicapés ? Comment faire avec notre motricité, notre manipulation de l’objet lorsque l’autre ne peut pas ? L’informe est aussi présent dans l’image parentale de l’enfant polyhandicapé…
Et à l’inverse, pour les enfants turbulents, pour ne pas dire instables, ne faut-il pas « calmer le jeu » pour qu’il y ait une intention créative ? Trop d’excitabilité tue le jeu. Les empiétements empêchent la créativité.
La notion de paradoxe semble indispensable. Mais il est parfois tellement inconfortable à vivre en séance. Ne pas trop vite donner du sens, mais le laisser émerger.
L’observation psychomotrice est elle-même paradoxale, puisque l’on parle de l’autre à partir de ce que l’on voit, ce que l’on ressent de lui. C’est d’ailleurs parfois en repensant la situation de rencontre qu’on arrive à en faire une lecture qui était impossible à l’instant « t ».
La surprise créée par le léger décalage dans la répétition du même crée de la rencontre (jeu de la petite bête qui monte). Comment le plaisir pris par la mère ou le thérapeute permet au bébé ou au patient de supporter l’incertitude, d’éprouver l’attente qui prend forme.

Nous nous sommes séparés avec la date de notre prochain café  psychomot’ qui aura lieu le mardi 14 janvier 2014.
Sans doute que nos discussions seront à nouveau plus empreintes de notre clinique pour parler des impasses que certaines de nos prises en charge nous donnent à vivre. Quand la créativité n’est plus, quand plus rien ne semble se passer, comment le comprenons-nous, ou pas ? Comment le supportons-nous ? Qu’en faisons-nous ?

Si l’un d’entre vous souhaite initier le débat à partir d’une présentation d’un ou deux articles, ou bien de sa propre clinique, ou tout simplement proposer une lecture de référence sans pour autant la présenter lui-même… Il vous suffit de contacter Odile Gaucher et Natacha Vignon sur arrcplyon@gmail.com pour nous faire vos propositions d’ici le 8 décembre… Nous comptons sur les lumières pour nous éclairer !




Conférence ARP de Geneviève PONTON - Vendredi 22 Novembre 2013 à 18h30



A partir de 18h30, l'ARP vous proposons la conférence :

Construire la verticalité tout au long de la vie - continuité, cohérence et interaction Vivre en marche, de l'acquisition de la marche dans la petite enfance au maintien de l'équilibre dans le vieillissement

Résumé :
Prendre appui, se redresser, se tenir debout, vivre en marche, une histoire vieille de plus de 4 millions d’années, plus qu’une histoire, il s’agit de la formidable aventure que chacun de nous expérimente pour devenir homme. Au cours du développement psychomoteur, le processus mis en jeu par la verticalisation du jeune enfant construit le socle du sentiment de sécurité par la mise en jeu de l’ancrage des appuis, la sensation d’assise et l’affirmation de l’axialité. Cette sécurité interne sera active tout au long de la vie dès lors que nos gestes seront reliés à l’intelligence organique du développement psychomoteur.
Une étude transversale menée auprès de 1500 personnes dans les domaines de la petite enfance et de gériatrie, exposera les conditions d’éveil et de maintien de la cohérence de la conscience corporelle tout au long de la vie. Pour favoriser notre adaptation au milieu et prévenir les chutes lors du vieillissement, nous  réactivons la mémoire des schèmes de développement inscrits dans les premiers mois de notre vie.
Au-delà du renforcement de l’équilibre, nous verrons à quel point la verticalité est une attitude intérieure, expression de l’être en devenir, posture nourrie et transformée par la plasticité de la conscience corporelle.

Cette soirée aura lieu à l’amphithéâtre de l’HFME, 59 boulevard Pinel à Bron. L’amphithéâtre se trouve au sixième étage. Vous pouvez y accéder par les ascenseurs rose ou orange à partir du hall et ensuite suivre les flèches. N’oubliez pas alors que vous vous trouvez dans un service d’hospitalisation… discrétion demandée !
  
TARIFS :
o       2 euros pour les adhérents ARP
o       5 euros pour les non-adhérents et étudiants