L'Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa Région vise à promouvoir la recherche clinique en psychomotricité par divers moyens notamment : l’organisation de séminaires, colloques, groupes de réflexion. Soutenir des projets individuels ou collectifs de recherche sur la clinique psychomotrice, favoriser et/ou rechercher la collaboration avec des structures à même d’apporter une contribution directe ou indirecte au but poursuivi par l’association et tout particulièrement avec l’Institut de Formation en Psychomotricité de Lyon.
Elle s’adresse à tout psychomotricien désireux d’engager un travail d’approfondissement théorico-clinique, quel que soit son champ d’exercice professionnel ou son référentiel théorique et clinique.
Susciter les échanges, favoriser le débat entre psychomotriciens, soutenir la réflexion et la recherche à propos de la pratique, telles sont les ambitions de l’ARRCP Lyon et région. Dans cet objectif, l’association mise sur l’engagement de ses membres dans une démarche qui consiste à se confronter aux difficultés et aux doutes rencontrés dans la clinique, à approfondir ses intuitions cliniques, à les arrimer à des concepts théoriques, à transmettre et discuter les résultats de ses travaux.

lundi 8 mai 2017

Un aperçu du Café Psychomot' du Mardi 04 Avril 2017


C'est en plus petit comité et dans une grande mixité d'âges professionnels, que nous nous sommes retrouvés Mardi 4 avril pour notre dernier café psychomot de la saison sur le thème de la transdisciplinarité.
Et c'est Odile Gaucher qui vient nous parler de la fonction tiers et formatrice du psychomotricien auprès des autres et qui amène à construire des cadres de formation.
Elle s'appuie sur la lecture du texte de Gaëtan Munoz « Quel drôle de groupe ! Un dispositif groupal pour tenter de "faire le corps"  d'adultes polyhandicapés », qui a beaucoup développé cette fonction tiers dans son institution. 
Odile nous encourage vivement à lire ce texte.

« Tout ne se fait pas en jour », « Cela ne va pas de soi », c'est ainsi qu'elle nous parle du temps de la sagesse pour laisser faire les choses et ne pas bousculer. Et au travers de son parcours professionnel riche et varié, elle témoigne de petites situations de transdisciplinarité qui lui ont permis de se construire une fonction échoïsante avec les autres soignants.
Le point de départ étant toujours pour elle de partager la difficulté du soin avec les autres et une grande attention pour saisir les propositions, les opportunités qui peuvent émerger.
Gaëtan Munoz, dans son texte parle de durabilité du travail soignant et convoque des mythes : celui de Pénélope et de Sisyphe pour dire la répétition, le faire, défaire et refaire permanent de la tâche primaire dans son institution.
Il parle du rôle du psychomotricien qui soutient et ramène, souligne les traces.
Odile insiste sur notre qualité d'observation et de décodage qui permet de dire la présence à l'autre.

Il y aurait donc deux temps : celui de la patience et celui de l'attention.

Dans son chemin professionnel, Odile va éprouver, en pédopsychiatrie et avec sa présence 3h/semaine dans un service de prématurité, une posture de « se poser » dans l'instant présent, et d'observer le travail des puéricultrices, le désarroi des parents dans la séparation traumatique des premiers liens.
Ce sont ces observations du quotidien du travail des autres qui ont fait réflexion et Odile, s'appuyant sur Frédéric Leboyer et son livre Shantala, a initié le peau à peau auprès de ses collègues en se mettant en retrait. Ainsi des porte-bébé Kangourou ont été achetés, proposant ainsi aux bébés d'être portés pendant que les puéricultrices faisaient autre chose que des soins...
Du monde de la toute petite enfance au monde du la gériatrie, il n'y a eu qu'un pas et Odile nous raconte alors comment au fur et à mesure de ses années de travail à l'hôpital des Charpennes , de ses rencontres avec des médecins soutenant, porteurs, elle a construit sa place au plus près des équipes, désertant sa salle et travaillant dans les couloirs et dans les chambres du service, avec les autres. La perception de la psychomotricité étant bien confuse dans la tête des internes. Pour affiner une meilleure représentation de notre métier, qui réalise un film sur la psychomotricité mettant en exergue le chevillage psycho-corporel de notre travail.
Dans sa clinique en soins palliatifs, Odile déploie les massages relaxants pour travailler ensemble dans un même temps et proposer un massage apaisant qui pouvait permettre qu'un soin infirmier anxiogène se fasse plus sereinement.
De ces expériences partagées, l'équipe de soins palliatifs demande à Odile de faire une initiation au massage relaxant.
Odile nous rappelle combien il s'est agi pour elle dans son lien avec les autres collègues, de se connaître, de partager les deuils et partager les connaissances.
Et le maillage continuera à se faire puisqu'ensuite Odile interviendra dans une formation en intra sur les différentes techniques de massage relaxant, dans des ateliers d'initiations dans les services de gériatrie...
Elle insiste sur l'importance de penser le cadre de ces interventions et comment l'institution tient et épargne cet espace-temps.
Odile est ensuite mutée dans un service de TCA, on y reviendra. Mais au passage elle devient chargée d'enseignement à l'IFP et nous parle avec tendresse et sérieux de l'importance d'accueillir des stagiaires, des étudiants car « on apprend d'eux ».
Elle rencontre aussi le travail d'écriture pour des conférences et nous parle d'un processus quasi d'auto-formation pour apprendre à clarifier la narration clinique, tout comme dans la préparation d'une formation. C'est nous dit Odile, presque une démarche d'auto-supervision.
Dans son service, elle reprend des ateliers de massage relaxant auprès des infirmiers psy qui utilisent cette médiation  pour calmer l'angoisse de patients lors de réveil nocturne.
Ces ateliers nommés  « à l'écoute du tact », disent combien tout ce travail fait par Odile depuis des années, à petits pas, dans la transmission, la formation n'ont pu se construire que dans l'idée du partage et de la sagesse de l'attente.

Les échanges qui suivent ce témoignage sensible et intime d'Odile ne vont pas se faire attendre...

Je rebondis sur l'humilité et la notion d'expérience qui se partage en repensant encore au texte de Ciccone sur la transdisciplinarité et l'idée de « lâcher » le savoir au sens d’un pouvoir, pour être dans une qualité de présence qui se transmet.
Odile parle d'un « savoir-être » qui est un partage d'expérience et non pas une accumulation de connaissances.

Alice s'interroge sur les formations communes transmises dans les institutions, qui font pâte commune et que chacun va recevoir à sa manière.
Odile répond au regard de son expérience en soin palliatif « on s'est construit en se formant ensemble » et parle de son expérience de formatrice actuelle avec l'INFIPP où elle intervient dans le cadre de projet de service qui font unité groupale.

Matthieu pense aux formations communes, à la mode dans les institutions, comme les journées d'intégration. Il nous dit que ce qu'il en retient n'est pas forcément intéressant dans la pédagogie mais bien que cela fait histoire commune et que cela crée une représentation de comment  l'institution pense.

Lucile nous raconte sa première expérience dans une équipe en construction, dans un centre diagnostic de TCA et sur l'importance de la réunion de synthèse qui relie, rassemble et comble les trous dans une configuration de travail très morcelée. Elle utilise son bilan comme une traduction du corps qui fait tiers et relie pour le patient et donne sens aussi pour les autres, tout en s'interrogeant sur le fait que faire uniquement des bilans, ça n'est pas faire du soin.
Odile pointe que, dès le bilan, nous mettons en œuvre une fonction miroir au sens de Winnicott qui déjà est thérapeutique.

Denis approfondit cette notion de fonction tiers et se réfère à Meltzer et la notion de conflit esthétique, dans la fascination du bébé pour le psychisme de sa mère.
Il insiste sur la fonction de tiers archaïque à laquelle nous sommes souvent convoqué dans notre clinique psychomotrice, qui accompagne, relie et qui est souvent bien oublié dans nos institutions au profit du tiers œdipien, séparateur.

Mélanie partage son expérience dans un cadre préventif où elle a d'emblée pensé la nécessité de travailler  avec d'autres dans un groupe, puis l'arrêt de la participation de ses collègues, pour que reviennent plus tard à nouveau l'envie de partager avec. C'est toute l'importance de la temporalité qui permet aussi d'accepter les mouvements d'investissement et de désinvestissement.

Odile invite Aurélie, une ancienne stagiaire avec elle, à parler de son expérience de stage avec elle, dans un groupe de soin partagé : elle exprime alors ses craintes à travailler sous le regard de l'autre et sa progressive compréhension de la fonction tiers étayante pour les patients des autres soignants.
Elle témoigne d'un regard interne de l'expérience vécue.

Martin parle de la fonction tiers comme l'image d'une boite à outils, un médium, avec son impression parfois que 40 mn par semaine de soin psychomoteur dans un lieu de vie, ça soignerait bien peu et que les effets thérapeutiques ne se situent pas forcément à l'endroit où cela se passe.
Mais c'est peut-être le partage, le cheminement ensemble, en équipe, constitutifs d'un appareil à penser commun qui ferait "l'être soignant" dans les lieux de vie.

Denis musicalement, dit son bémol à Martin et une autre image : celle du tiercé où il faut être placé. La compétence, la formation permet de se placer. On n’est pas forcément les mieux placés, mais on est placé. La question du corps est une question de la présence et notre clinique est celle de la présence. Il nous appartient de travailler cette question-là.

Lison évoque la permission que l'on se donnerait de dire ce que l'on a ressenti car on travaille avec nos ressentis. La transdisciplinarité est peut-être donc de ne pas savoir et de s'autoriser à s'interroger.
Martin en écho se fait l'objet d'une place qui serait celle de pouvoir dire « Ben, tiens, moi j'ai vu ça ».

Mélanie amène aussi la notion de la présence du psychomotricien : savoir être présent, savoir se retirer, s'absenter pour laisser émerger et faire exister la présence.

Nos échanges riches, sensibles et authentiques se terminent sur cette idée d'une forme d'humilité pour transmettre des petites choses à nos collègues , recevoir d'eux et sauvegarder ainsi nos propres soutiens dans notre clinique.

Notre saison des cafés s'achève donc en ce mardi printanier. Nous allons, pendant la période estivale, nous mettre à la recherche d'un autre lieu pour nous accueillir, préparer la saison prochaine et nous restons à l'écoute de vos envies de voir un thème discuté prochainement.
N'hésitez pas à nous contacter !

Belles saisons à venir pour chacun de vous.


Natacha Vignon, pour l'ARRCP



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