Un aperçu du Café Psychomot' du 17 octobre 2017
C’est la rentrée pour
l’ARRCP : ce mardi, après notre assemblée générale, nous nous sommes
réunis autour d’Aurélie Tronel et de
Mélanie Arbaud au café de la Cloche, notre nouveau lieu de retrouvailles.
Animé sans être trop bruyant, nous avons pu y entendre Aurélie et Mélanie, puis
discuter à partir de leur présentation dans une ambiance agréable.
Pour ce premier café de la
saison, elles nous présentent à deux voix leur travail au CCAS (Centre Communal
d’Action Social), nous expliquant comment elles se répartissent entre quatre psychomotriciennes
le travail de prévention en gériatrie dans 16 EHPA (anciennement foyers
logements) accueillant des résidents de 60 à 100 ans présentant des pathologies
neurologiques, dégénératives, douloureuses ou encore psychiatriques, mais
gardant une autonomie suffisante pour habiter dans leur appartement, et s’ils
le veulent, disposer du restaurant ou d’autres lieux communs. Si des soignants
interviennent auprès d’eux, ceux-ci sont des libéraux.
Mélanie, présente depuis son
début le projet de psychomotricité au CCAS, nous racontant l’historique du
poste depuis 2003. Au départ, il y avait moins de temps de psychomotricité pour
plus de structures. Le travail y était plus individuel, tel celui des libéraux
(infirmiers, kinésithérapeutes).
Chaque psychomotricienne
travaille un jour par semaine dans une structure différente, et toutes les
quatre se retrouvent le vendredi pour écrire des comptes rendus « dans un
bureau doté de PC », mais aussi pour réfléchir ensemble à leur travail
dans un processus d’intervision. Leur directrice a bien compris que cette
cinquième journée ressource nos quatre psychomotriciennes qui redéployent
ensuite leur énergie dans chacune de leurs institutions. De ces moments
partagés naissent aussi de nouveaux projets, tel celui de la création d’une
plaquette « prévention des chutes ».
Aurélie et Mélanie nous dresse
ainsi le programme bien dense d’une journée type en institution :
·
Relève avec l’équipe (non-soignante)
·
Temps pour des rencontres individuelles
ponctuelles en fonction des échanges de la relève (pour éviter un syndrome
post-chute par exemple).
·
Installation de la salle pour le ou les deux
groupes de la journée. Relance auprès des personnes âgées ayant des troubles
cognitifs et auprès des absents de la semaine précédente.
·
Déroulement des groupes et notes pour l’équipe.
Aurélie et Mélanie présentent très
rapidement le contenu des groupes, variable en fonction des participants :
travail sur les ancrages, l’axialité (prévention chute), les repérages
temporo-spatiaux, mais aussi l’expression (groupe théâtre), avec pour tous les
groupes l’accompagnement et le soutien de la socialisation…
Dans leur propos, je relève plusieurs originalités par rapport au
travail clinique en institution soignante :
·
Il n’y a pas d’indication médicale. La
psychomotricité et son projet de prévention du vieillissement pathologique sont
à priori « bons pour tous ».
De ce fait, il y a un démarchage
fait par les psychomotriciennes dans chacune des institutions. Mélanie nous dit
même comment, à la création de son poste, elle avait l’impression de
« vendre » les bienfaits de la psychomotricité aux résidents… une
impression pas simple à vivre. Maintenant, il y a un noyau groupal de résidents
« habitués » à leur groupe de psychomotricité qui présente le groupe
et ses intentions aux nouveaux résidents : c’est autrement plus
confortable. Etre convaincu des bienfaits de la psychomotricité dans la
prévention en gériatrie est une chose, mais avoir l’impression d’en faire un
commerce est beaucoup plus inconfortable d’un point de vue éthique.
·
Si le travail de prévention concerne avant tout
les résidents, l’ouverture à l’équipe est aussi une part très importante du
travail de nos psychomotriciennes, dès la relève du début de journée jusqu’à la
restitution des groupes, mais aussi dans tous les temps informels. Il faut
apprendre à ce personnel non-soignant à observer les personnes âgées pour
distinguer un vieillissement normal d’un vieillissement pathologique. C’est
éminemment important puisque ce sont ces personnes qui sont présentes au
quotidien auprès des résidents.
·
Aurélie et Mélanie brossent ensemble une
définition de la prévention en gériatrie qui serait d’éviter la bascule dans le vieillissement
pathologique tant que faire se peut, mais aussi d’alerter si cette frontière
est dépassée. Il faut pouvoir alors penser l’avenir du résident dans une
structure de soin, avec l’équipe, avec le sujet âgé, avec son médecin traitant,
sa famille. Nous pouvons mesurer l’ampleur du travail que réalisent nos
psychomot’ !
A partir de la densité de cette mission
de prévention dans chacune de leur quatre EHPA, nous comprenons combien la
journée du vendredi partagée de façon réflexive dans leur bureau commun, permet
à nos quatre psychomotriciennes de rester confiantes.
Mélanie nous dit aussi combien ces
partages sont créatifs. A partir d’eux, l’idée leur est venue de créer deux
séminaires à l’attention des directeurs de structures et leurs adjoints, leur
proposant de vivre des propositions de travail corporel telles que celles
proposées aux résidents. Ces expériences renforcent encore la connaissance et l’intérêt
de la psychomotricité en prévention gériatrique. Mais cette reconnaissance de
leur travail va encore au-delà. Leur direction leur demande conseil pour
l’élaboration de l’espace commun avec le pôle technique. Elles participent à
des réunions de travaux de réhabilitation. Elles sont en train de créer un
parcours santé. Elles nous annoncent la création d’une salle de médiation
corporelle dans laquelle elles pourront réaliser leur groupe de
psychomotricité, au lieu d’aménager sans cesse le salon de la résidence. Elles
interviennent dans des colloques départementaux ou régionaux sur la prévention
en gériatrie.
Je ne peux dans ce résumé relater toute
la richesse de la présentation de Mélanie et Aurélie, comme leurs vignettes
cliniques, et m’en excuse auprès d’elles. Mais avant de rapporter quelques points de discussions du débat
qui s’en est suivi, je ne peux que féliciter Aurélie et Mélanie pour leur
motivation, leur créativité, mais aussi la qualité de leur ajustement à l’être âgé
autonome le plus longtemps possible.
Emmanuelle est sensible à la
transmission entre les anciens et les nouveaux résidents, à cette entraide.
Natacha parle de « préoccupation
maternelle » dans cette attention partagée entre psychomotriciennes, mais
aussi avec les résidents et les équipes.
Véronique de rajouter : « Il
faut être prévenant pour prévenir. » Cela la renvoie à la place de la
personne âgée dans sa résidence, mais aussi dans notre société.
Denis réfléchit en terme de
contenance : il s’agit de se situer entre le formel et l’informel, avec la
création de supports et l’organisation de l’espace de l’atelier à chaque fois.
Il fait référence à Sami Ali en parlant du corps du sujet, mais aussi du corps
du bâtiment, du corps institutionnel.
Cécile pointe comme il est aussi
important de réactualiser les liens avec les autres dans les institutions
soignantes, en sortant de leurs murs.
Roland dit comment dans la prévention,
on est toujours dans l’anticipation. Il s’agit de créer des conditions pour
qu’une demande puisse être accueillie.
Emmanuelle remarque la qualité de
patience indispensable au psychomotricien.
Denis interroge aussi Mélanie quand ça
bascule entre prévention et besoin d’une thérapie psychomotrice. Dans ces
cas-là, elles réalisent un bilan psychomoteur et font lien avec le médecin
traitant du résident de façon argumentée.
Laure questionne par rapport au
matériel. Mélanie raconte comment en 2003 elle transportait son matériel de
structure en structure. Aujourd’hui chaque résidence a son propre matériel.
Et avant de conclure, Mélanie nous dit
les dispositions toutes particulières concernant les résidents, anciens SDF,
accueillis dans l’une de ses institutions. Avec eux, il faut savoir travailler
la porte ouverte et laisser une trace du groupe en ne rangeant pas trop vite le
matériel utilisé… un autre ajustement tout particulier.
Merci à Mélanie et Aurélie, merci à tous
les participants nouveaux et anciens pour leur présence et leur participation. Avec
vous tous c’était chouette ce café !
Natacha Vignon et Lison Gilardot
s’associent à moi pour rappeler que le prochain café psychomot’ hors des
sentiers battus concernera le travail en
crèche qui se déploie de plus en plus. Il aura lieu mardi 27 février 2018. Nous vous avions
sollicités, mais nous savons aujourd’hui qui interviendra. Nous vous donnons
rendez-vous début févier pour vous préinscrire après notre annonce.
Mais avant notre prochain café
psychomot’, place à notre Journée d’Etude qui aura lieu le samedi 27 janvier.
Restez attentif… la plaquette arrive. A très vite !
Pour l’ARRCP, Odile Gaucher
Commentaires
Enregistrer un commentaire