Quelques mots du Café psychomot du mardi 12 mars 2013


         C'est dans un Mondrian, tout sol refait, que nous nous sommes réunis, en petit nombre, ce 12 mars pour notre café psychomot sur le thème du rôle de tiers du psychomotricien dans l’interdisciplinarité.

Cécile Mottet, nous a fait partager, sa lecture et ses questionnements, de manière très subjective et clinique, du texte de Gaëtan Munoz intitulé « Quel drôle de groupe ! Un dispositif groupal pour tenter de faire le corps » d'adultes polyhandicapés.

Les mots de Cécile et ses associations avec sa propre clinique auprès d'adultes lourdement handicapés, nous ont donné à associer et penser tout au long de sa présentation.

Peut-être y avait-il pour nous même, aussi, à faire groupe face à une clinique dont nous connaissons les effets de sidération et d'indifférenciation.

 Cécile nous parle d'abord, à la lecture du texte, de la place du corps  et de « faire et défaire », ce que Gaëtan, pour penser cette répétition élabore à partir du mythe de Sisyphe. C'est un peu comme si les perceptions ne s'imprimaient pas...
Elle amène aussi l'hypothèse des changements institutionnels, qui pour des raisons administratives, modifient les horaires des collègues  et semble attaquer la rythmicité et les retrouvailles avec le patient.
Elle nous redit, en appui sur l'expérience groupale de Gaëtan, l'importance à travailler avec la souffrance du personnel  « la personne polyhandicapée seule n'existe pas ».
Cela fait faire des liens du côté de sa propre clinique et de comment la parole, le lien vécu autrement peut se transposer dans le quotidien qui serait comme un travail d'accord de temps et d'espace . Le dispositif groupal proposé par Gaëtan serait comme un groupe pour recréer le lien et l'accordage temporo-spatiale.
Un lieu pour faire de l'affect irreprésentable une représentation,  là où la contamination du vécu du corps de la personne polyhandicapée est importante.
Dans le dispositif décrit, le psychomotricien, serait comme un miroir non brisé, pour permettre aux soignants du quotidien de sortir de la sidération et lutter contre une modalité relationnelle défensive de forme opératoire.

Se questionne alors la notion de groupe et ce pourquoi les duos résidents-accompagnants sont éloignés les uns des autres et Cécile éclaire cela du côté d'une trop grande quantité d'affects, qui trouverait à se diluer ainsi pour être supportée et réintroduire de l'intimité.
Cécile nous donne l'image d'une sorte de toile relativement lâche, qui donnerait une atmosphère, une tonalité diffuse groupale et émotionnelle.
Pascale Olivier nous rappelle la consigne donnée par Gaëtan « on va essayer de s'installer ensemble », comme une tâche primaire du groupe.
Ce qui pourrait venir, mettre à mal l'identité professionnelle de nos collègues, pris en dehors de leur tâche primaire du prendre soin par le faire.
La parole redite, permet l'inscription chez le résident et le soignant d'une trace « l'inter-dire ».
Pascale pense aussi à des moments de rencontre de l'enfant et de ses parents avec le travail de lecture, d’observation psychomotrice et de témoignage de ce qui émerge de l’éprouvé dans la triade familiale.
Ce dispositif, dont Denis nous rappelle toute l'originalité, repose sur une illusion qu'il se passerait quelque chose et une illusion que le psychomotricien comprendrait, ça serait comme « faire à nouveau pour que le souvenir, la trace réemerge ».
Axelle nous fait part de son expérience en UMD d'un soin partagé avec ses collègues infirmiers, qui nécessite de proposer le soin et que le soignant soit volontaire car après un moment de lâcher-prise, ils ont à retrouver une posture plus cadrante.
 Nous continuons à faire enveloppe pensante et imaginons la posture du psychomotricien dans une présence-absence, un être là, discret, qui rappellerait la vision périphérique et des impressions groupales qui viennent, presque à son insu, procurer quelque chose : une modalité d'attention autour des émergences furtives qui nous touche dans notre travail de psychomotricien.
Denis associe avec le travail d'un infirmier de l’hôpital dans lequel il exerce, sur la question de l'ambiance.
Cela nous fait aussi penser à nos dispositifs de groupe avec nos collègues et comment nous essayons de travailler avec l'expression des fantasmes dans ces groupes.
Cécile fait un parallèle entre l'organisme du corps et l'organisme institutionnel et cela vient interroger à nouveau le travail du quotidien.
Nous pensons aux règles de vie dans certaines institutions et de la nécessité de penser comment elles sont intériorisées par les soignants pour permettre la rêverie.
 Et nous terminerons notre soirée, très riche d'échanges, de réflexions, en pensant à l'enveloppe institutionnelle.

Notre associativité aura donc une fois de plus fait son travail car il s'agira, dans notre prochain et dernier café psychomot' de la saison, de la place et la fonction du psychomotricien dans l'institution.

 Le prochain café psychomot' aura lieu le 28 mai 2013.
Si vous souhaitez intervenir, ou même proposer un texte à discuter, faites nous le savoir. Nous sommes toujours preneurs de vos idées.
 
Natacha Vignon pour l'ARRCP
 

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